Libye : les rebelles avancent à Brega et Misrata

Les rebelles libyens gagnent du terrain dans l’Est, où ils sont aux portes de Brega et ont lancé une offensive dans l’Ouest pour mettre fin aux tirs de roquettes contre leur enclave de Misrata, presque six mois après le début de la révolte contre Mouammar Kadhafi.

Des habitants de Misrata regardent le 11 août 2011 des armes ramassées pendant les combats. © AFP

Des habitants de Misrata regardent le 11 août 2011 des armes ramassées pendant les combats. © AFP

Publié le 13 août 2011 Lecture : 3 minutes.

Les divisions au sein de la rébellion ont cependant été une nouvelle fois illustrées avec une déclaration à Benghazi d’une vingtaine de brigades contre le "ministre" rebelle de la Défense, Jallal al-Digheily, qu’elles tiennent pour indirectement responsable du chef d’état-major, le général Abdel Fatah Younès.

L’assassinat le 28 juillet de cet ancien pilier du régime rallié à la rébellion suscite d’intenses spéculations sur l’identité des meurtriers, le rôle du Conseil national de transition (CNT, organe politique des rebelles) ou l’existence d’une possible "cinquième colonne" pro-Kadhafi. Suite à cet assassinat, le CNT a limogé mardi son bureau exécutif, qui fait office de gouvernement par intérim et doit nommer un nouveau bureau dans les prochains jours.

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Changements visibles

Du côté du régime, les forces loyales au colonel Kadhafi ont tellement diminué qu’elles ne peuvent plus "mener une offensive crédible", a estimé le chef des opérations militaires de l’Otan en Libye, le Canadien Charles Bouchard, dans un entretien accordé jeudi à l’AFP. Et après plusieurs mois de sur-place, "les forces anti-Kadhafi vont de l’avant pour arrêter cette violence contre la population", a-t-il assuré. "On voit des changements" sur les trois fronts: Brega à l’est, Misrata à l’ouest et le djebel Nefoussa au sud-ouest de la capitale.

A Brega, les rebelles assurent que la conquête de cette cité pétrolière, poste avancé des pro-Kadhafi à 240 km au sud-ouest de Benghazi, n’est plus qu’une "question de jours". Mercredi, les combattants rebelles étaient dans les faubourgs de la zone résidentielle de la ville, selon un journaliste de l’AFP. Jeudi, après une journée de combats, ils ont affirmé avoir pris l’un des trois quartiers de cette zone.
"Chaque jour, nous gagnons du terrain", a assuré Fawzi Bukatif, ingénieur civil devenu l’un des principaux chefs militaires de l’insurrection, précisant qu’il valait "mieux aller doucement pour épargner des vies, sécuriser méthodiquement notre progression".

La ville de Brega s’étend sur une dizaine de kilomètres d’est en ouest, le long de la route côtière. Les forces Kadhafistes ont aménagé de solides lignes de défense, avec des centaines de mines et un ingénieux réseau de tunnels souterrains où chars et véhicules peuvent échapper aux frappes de l’Otan.

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Outre la maîtrise des installations pétrolières aujourd’hui à l’arrêt, l’objectif pour les combattants rebelles de l’Est est surtout de "soulager les autres fronts de Misrata et du djebel Nefoussa en retenant et en affaiblissant ici le maximum de forces de Kadhafi", selon M. Bukatif.

Dans l’Ouest, les combattants de Misrata, enclave rebelle à 200 km à l’est de Tripoli, contrôlaient vendredi une grande partie de Touarga, quelques heures après avoir lancé une offensive contre cette ville située à 40 km au sud de Misrata et qui servait de base aux forces loyales, a constaté un journaliste de l’AFP.

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Brûlant des drapeaux verts (symbole de la Libye du colonel Kadhafi), les insurgés ne cachaient pas leur joie d’avoir pris le contrôle de cette localité dans le désert mais la victoire des rebelles n’est pas totale. Les insurgés continuaient à se heurter à des poches de résistance avec des tireurs isolés, embusqués derrière des bâtiments ou dans la palmeraie. Des bombardements se poursuivaient également provenant d’un village voisin au sud.

Les tirs entre rebelles et forces loyalistes ont fait au moins trois morts parmi les insurgés et trente blessés. A Benghazi, les rebelles ont récupéré un avion-cargo, propriété du régime saisi par les Emirats arabes unis et annoncé qu’ils allaient l’utiliser pour acheminer l’aide humanitaire depuis l’étranger.

Le Gabon reconnaît le CNT

Dans le même temps, le régime a interdit la possession et l’utilisation de téléphones satellitaires Thuraya sans autorisation, avertissant que toute personne violant cette interdiction risquait la peine capitale. Plusieurs zones de Libye contrôlées par le régime sont privées de couverture de réseaux mobiles.

Sur le plan diplomatique, le Gabon a reconnu vendredi le CNT comme représentant de la Libye, selon un communiqué de la présidence gabonaise, tandis que le président français Nicolas Sarkozy a assuré que la France irait "au bout de sa mission" en Libye. Il a rendu hommage à "l’extraordinaire endurance" des (près de 2.000) marins du porte-avions Charles-de-Gaulle, après près de cinq mois en Libye, au cours desquels la vingtaine d’avions de chasse et avions radars ont mené plus d’un millier de sorties (770 attaques au sol et 356 de reconnaissance).

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