Les victimes du MLC attendent avec impatience l’ouverture du procès Bemba

Les victimes centrafricaines du Mouvement de libération du Congo, en 2002 et 2003, se réjouissent de l’ouverture du procès de son leader, Jean-Pierre Bemba, lundi, devant la Cour pénale internationale.

Un combattant de l’Armée de libération du Congo, loyale à Jean-Pierre Bemba, en février 2002. © AFP

Un combattant de l’Armée de libération du Congo, loyale à Jean-Pierre Bemba, en février 2002. © AFP

Publié le 21 novembre 2010 Lecture : 3 minutes.

Le jour de l’ouverture du procès de Jean-Pierre Bemba "sera le plus beau de ma vie", assure Marie-Hélène Ngoïta, une des nombreuses femmes violées en Centrafrique en 2002-2003 par les combattants de l’opposant congolais, jugé à partir de lundi à La Haye.

"Ce jour-là, je dirai que justice est faite et ce sera ma consolation", déclare à l’AFP cette femme de 48 ans, maigre et claire, rencontrée dans le quartier Fatima de Bangui où elle reçoit un traitement antirétroviral.

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Elle affirme avoir été infectée par le virus du sida lorsqu’elle a été violée par des hommes du Mouvement de libération du Congo (MLC, milice à l’époque) dirigé par Jean-Pierre Bemba.

Exactions

En 2002 et 2003, le MLC a appuyé le régime du président centrafricain Ange-Félix Patassé pour contrer une tentative de coup d’Etat. Les combattants congolais sont accusés d’avoir commis de nombreuses exactions lors d’attaques au nord de Bangui: PK12, PK13, Bégoua, PK 22 ou plus loin dans les provinces : Bossembélé et Bossangoa (nord), Paoua, Ngaoundaye, Bozoum, Bocaranga (nord-ouest), Mongoumba (sud)…

Marie-Hélène Ngoïta a croisé ses agresseurs à Mongoumba, à environ 200 km au sud de Bangui, le 5 mars 2003. "Les gens fuyaient en disant : "ils arrivent, ils arrivent!". Alors que je sortais de la maison, trois éléments du MLC se tenaient déjà devant la porte", raconte-t-elle.

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"L’un a ordonné que je sorte de la maison et que je me couche par terre. J’ai refusé. Le second a levé le canon de son arme dans ma direction se faisant plus menaçant encore. Ils m’ont précipitée à terre et se sont mis à me violer à tour de rôle. Il n’y avait personne pour me venir en aide".

Elle apprend sa séropositivité huit mois plus tard. "Je vis malgré moi, je sais que je peux mourir à tout moment mais ce procès doit me consoler".

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Marie-Chantal Solamosso, 43 ans, du PK22 ("point kilométrique" 22), aux pieds difformes, a été violée sous les yeux de son père "ligoté", dans sa maison où sont entrés un matin "près d’une dizaine de combattants du MLC".

"L’un a pris son arme et il a tiré sur mes deux pieds. Je suis tombée. Cinq se sont relayés et sont passés sur moi. (…) Plusieurs semaines durant, je ne sentais plus mon corps. Mes deux pieds étaient enflés et infectés. C’est dans une brouette que j’ai été ramenée à Bangui", poursuit celle qui est devenue "malgré (elle)", dit-elle mère d’un enfant de père inconnu, qui n’a plus revu son mari et veut aujourd’hui "aller témoigner" à La Haye.

Judith Kobaba, 15 ans, est dubitative. "Je ne sais pas si ce procès aura lieu, et si on pourra vraiment regarder Bemba se tenir à la barre pour répondre de ses actes", affirme cette adolescente, violée lorsqu’elle avait 8 ans par un homme du MLC au PK12.

Sa soeur aînée, qui venait de subir une césarienne, et sa soeur cadette, alors âgée de 5 ans, ont connu le même sort, après que leur père eut été abattu sous leurs yeux. "Notre soeur aînée (…) saignait et avait les entrailles dehors. Elle a eu la vie sauve grâce à Médecins Sans Frontières (MSF)".

Selon l’Organisation pour la compassion et le développement des familles en détresse (Ocodéfad), une association locale, de nombreuses victimes de viols sont mortes, ont le sida ou vivent avec des enfants nés grossesses non désirées. D’autres sont stigmatisées sur leur lieu de travail ou à l’école et sont obligées de vivre repliées sur elles-mêmes.

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