L’accord d’Olympio avec le pouvoir ne convainc pas l’opposition

Depuis la signature d’un accord entre l’UFC de l’opposant Gilchrist Olympio et le parti au pouvoir, aucune réforme majeure n’a été engagée. Ses anciens partenaires s’interrogent sur le bien-fondé de ce rapprochement.

Gilchrist Olympio, principale figure de l’opposition togolaise, le 2 novembre 2010. © AFP

Gilchrist Olympio, principale figure de l’opposition togolaise, le 2 novembre 2010. © AFP

Publié le 14 novembre 2010 Lecture : 3 minutes.

Six mois après la signature par Gilchrist Olympio, principale figure de l’opposition togolaise, d’un accord avec le pouvoir, le débat est vif: simulacre de collaboration ou avancée historique ? Une partie de l’opposition en tout cas s’estime affaiblie.

"C’est comme si on avait voulu débaucher le nom ‘Gilchrist Olympio, opposant historique’ pour donner une certaine force au régime en place mais ça n’a rien apporté", estime Zeus Aziadouvo, directeur du quotidien privé Liberté.

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L’opposant a autorisé en mai des membres de son parti Union des forces de changement (UFC) à entrer au gouvernement du Rassemblement du peuple togolais (RPT), parti du président Faure Gnassingbé.

Pour le journaliste, l’ouverture prônée par le jeune chef d’Etat, fils du général Gnassingbé Eyadema qui régna sur le Togo d’une main de fer pendant près de 40 ans jusqu’en 2005, "n’existe que de nom". Car le RPT garde, selon lui, tous les leviers du pouvoirs.

Trahison

La décision de M. Olympio, intervenue après la défaite de l’UFC à la présidentielle de février, a provoqué une crise au sein du parti. Son candidat présidentiel et secrétaire général Jean-Pierre Fabre a dénoncé une trahison de M. Olympio qui ne l’aurait pas informé de cet accord et l’UFC s’est scindée en deux.

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"Le RPT, c’est un parti adossé à l’armée. Nous ne pouvons pas parler de partage du pouvoir alors que réellement, au Togo, c’est l’armée qui détient le pouvoir", dénonce M. Fabre, désormais à la tête de la toute nouvelle Alliance nationale pour le changement (ANC).

Pour le Comité d’action pour le renouveau (CAR, opposition) qui se dit ouvert au dialogue, les conditions ne sont pas réunies actuellement pour envisager une quelconque coopération avec le parti du pouvoir. L’accord signé par M. Olympio est "un marché de dupes", selon le président du CAR, Paul Dodji Apevon.

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Autant d’attaques qui ne semblent pas atteindre l’intéressé.

Main tendue

"Après 40 ans de confrontation, on ne peut pas nommer un seul résultat positif". Il fallait donc "prendre un autre chemin" et accepter la main tendue du président, explique M. Olympio.

"Nous ne pouvons pas gouverner, nous n’avons que sept ministres", dit-il en souriant. Mais le RPT consulte son parti et l’écoute, assure-t-il. "Il n’y a pas de solution parfaite en politique", résume l’opposant, âgé de 73 ans. Confiant, il croit que "ceux qui ne sont pas d’accord" finiront par lui emboîter le pas. Car le Togo, où "la pauvreté se lit sur tous les visages" a besoin d’une solution nationale, estime-t-il.

A ceux qui dénoncent la lenteur de la mise en oeuvre des réformes politiques, constitutionnelles et institutionnelles prévues par l’accord RPT-UFC, le gouvernement assure que des "compromis" sont en passe d’être trouvés.

"La collaboration nous semble bonne". L’accord "n’avait pas pour mission qu’en six mois, on règle tous les problèmes", explique Pascal Bodjona, ministre et porte-parole du gouvernement.

Opposition fragilisée

Beaucoup ont dénoncé la démarche solitaire de M. Olympio qui n’aurait pas consulté ses "lieutenants" avant de signer.

MM. Fabre et Apevon estiment que l’opposition a été fragilisée aux yeux de la population. "Il faut reconnaître que l’acte qu’il a posé nous porte un coup", dit M. Apevon.

Dimas Dzikodo, directeur du quotidien privé Forum de la semaine, défend lui l’accord et estime que Gilchrist Olympio est désormais le seul opposant à posséder un petit moyen de pression sur le pouvoir. Car s’il claque la porte du gouvernement, ce sera un échec personnel pour le chef de l’Etat et sa politique de réconciliation et d’ouverture.

Et face aux protestations de l’opposition, M. Dimas met en garde: "s’il y a trop de soulèvements au Togo, si Faure est affaibli, c’est l’armée qui va prendre le devant". Cette même armée qui l’a placé dans le fauteuil présidentiel au lendemain de la mort du général Eyadema.

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