Bruit de bottes à Bujumbura

L’armée burundaise connaît une grave crise qui pourrait précipiter le Burundi « dans le gouffre », a mis en garde mardi soir le ministre de la Défense de ce pays, le général Germain Niyoyankana, s’inquiétant des risques de dérapage à deux mois des élections générales.

Le ministre de la Défense du Burundi, le général Germain Niyoyankana, le 17 août 2004. © AFP

Le ministre de la Défense du Burundi, le général Germain Niyoyankana, le 17 août 2004. © AFP

Publié le 24 mars 2010 Lecture : 2 minutes.

"Il se passe quelque chose d’inhabituel. (. . . ) Depuis que j’ai commencé ma carrière dans l’armée il y a 34 ans, nous n’avons jamais connu de crise qui semble durer aussi longtemps alors que le pays traverse une période cruciale", a déclaré à la presse le général Niyoyankana. "Si cette crise perdure, cela peut précipiter ce pays dans le gouffre", a-t-il souligné, s’exprimant en kirundi (langue nationale).

Malaise au sein de l’armée et de la police
Le ministre de la Défense a fait cette déclaration mardi, alors que s’ouvrait devant le Conseil de guerre à Bujumbura le procès de 18 soldats poursuivis officiellement pour "complot militaire" et arrêtés pour "déstabilisation des institutions" en janvier. Ce procès se déroule dans un contexte de malaise persistant au sein de l’armée et de la police.

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Depuis décembre 2009, au moins six sous-officiers ont été arrêtés et huit autres militaires renvoyés de l’armée, soupçonnés d’avoir appelé par tracts les soldats à la révolte. En février, un soldat avait été tué, deux personnes dont un civil blessées, au cours d’une fusillade déclenchée par des soldats dans un camp militaire de Bujumbura.

"Samedi soir, un inconnu a tiré des rafales en direction de la présidence et de la 2e vice-présidence", a reconnu le ministre, y voyant l’action d’"un ennemi de la paix".

Fin novembre, des tracts distribués dans plusieurs provinces par des sous-officiers, soldats et policiers, accusaient leurs hiérarchies de favoriser les officiers et de prélever sans justification de l’argent des soldes des forces de sécurité. Ils leur reprochaient également d’avoir chassé les veuves de guerre des camps militaires, promettant des représailles sanglantes.

"Il y a certaines incohérences dans la loi qui nous gère jusqu’ici", a reconnu le ministre, à propos des textes régissant les conditions matérielles des militaires, notamment sur les questions de salaire, de retraite et de conditions de vie. "Dès demain (mercredi), la commission de défense et de sécurité de l’Assemblée nationale va étudier (. . . ) un nouveau texte qui va répondre aux difficultés évoquées et va nous aider à dissiper tous les malentendus", a assuré le général Niyoyankana.

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Enfin, le ministre de la Défense a appelé "tous les partis politiques burundais, le parti au pouvoir et ceux qui se réclament de l’opposition, à faire preuve de responsabilité".

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