CPI : la défense de Lubanga accuse les enfants soldats de mentir

Les témoins présentés comme étant des enfants soldats par l’accusation au procès de Thomas Lubanga, poursuivi devant la Cour pénale internationale (CPI), ont tous menti, a affirmé mercredi la défense de l’ancien chef de milice de République démocratique du Congo (RDC).

L’ancien chef de milice de RDC Thomas Lubanga, le 26 janvier 2009

L’ancien chef de milice de RDC Thomas Lubanga, le 26 janvier 2009

Publié le 28 janvier 2010 Lecture : 2 minutes.

"La défense entend démontrer que la totalité des individus qui ont été présentés comme des enfants soldats ainsi que leurs parents dans certains cas ont délibérément menti devant cette cour", a déclaré Catherine Mabille, l’avocate de Thomas Lubanga.

"La défense entend démontrer que six d’entre eux n’ont jamais été des enfants soldats, le septième a menti sur son âge et les conditions de son enrôlement, le huitième n’a jamais appartenu à l’UPC", l’Union des patriotes congolais, la milice de l’accusé, a-t-elle poursuivi.

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Selon l’avocate, "les témoins ont été appelés à mentir sur leur âge, leur nom, le nom de leurs parents, les écoles qu’ils auraient fréquentées afin de rendre plus difficiles les vérifications à leur égard".

Le procureur accusé de complicité

"Des faux témoignages ont été fabriqués avec l’assistance d’intermédiaires et la collaboration du bureau du procureur", a-t-elle affirmé : "cette situation nous paraît extrêmement grave".

Seize témoins vont être cités pour "démontrer ce processus frauduleux d’élaboration de faux témoignages", a annoncé Mme Mabille qui présentait les arguments de la défense de Thomas Lubanga, 49 ans, accusé d’enrôlement d’enfants soldats, un crime de guerre.

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A l’issue de ces auditions, la défense demandera à la chambre de "tirer les conclusions juridiques de cette situation", a annoncé l’avocate.

"Comment les juges peuvent-ils assumer leur rôle fondamental de recherche de la vérité si les témoignages qui leur sont soumis procèdent d’un processus concerté visant à les tromper?", s’est-elle interrogée.

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"Si le processus judiciaire se poursuit", a poursuivi l’avocate, la défense de Thomas Lubanga prouvera que celui-ci "n’a d’aucune manière participé délibérément à un plan concerté visant au recrutement de mineurs". Il a fait "tout ce qui était en son pouvoir pour démobiliser les mineurs présents dans ses troupes".

"Non coupable"

Le bureau du procureur avait achevé de présenter ses charges le 14 juillet 2009 après avoir cité 28 témoins pendant les 74 jours d’audience. Le procès avait été suspendu pendant plusieurs mois.

Le procès de Thomas Lubanga, le premier de la CPI, s’était ouvert le 26 janvier 2009. Il est accusé de crimes de guerre pour l’enrôlement et la conscription d’enfants de moins de 15 ans pendant la guerre civile en Ituri (est de la RDC) entre septembre 2002 et août 2003.

Il est aussi accusé d’avoir fait combattre ces enfants dans l’aile militaire de sa milice. Transféré à La Haye en mars 2006, il plaide non coupable.

Selon des ONG, les affrontements en Ituri entre des milices soutenues par les ethnies Hema (proche de l’UPC) et Lendu, pour le contrôle notamment de mines d’or, ont fait 60. 000 morts et des centaines de milliers de déplacés depuis 1999.

La CPI est le premier tribunal international permanent chargé de juger les auteurs de crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide.

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