CPI : l’accusation détaille viols, tortures et meurtres imputés à Bemba

L’accusation a détaillé les viols, tortures et meurtres commis, selon elle, par les troupes de l’ancien vice-président congolais Jean-Pierre Bemba en République centrafricaine en 2002-2003, devant la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye.

Publié le 12 janvier 2009 Lecture : 2 minutes.

Ces "crimes contre l’humanité" et "crimes de guerre", dont sont soupçonnés les soldats du Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba, justifient, selon le procureur, la tenue d’un procès.

Les soldats du MLC avaient été envoyés de République démocratique du Congo (RDC) en République centrafricaine pour appuyer le régime du président Ange-Félix Patassé menacé par une rébellion du général François Bozizé, entre octobre 2002 et mars 2003. M. Bozizé avait fini par s’emparer du pouvoir.

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Lors de la deuxième journée des audiences de confirmation des charges, le procureur Petra Kneuer a raconté comment un témoin avait été forcé par trois soldats à s’agenouiller dans la cour de sa maison, avant d’être sodomisé quatre heures durant en présence de sa femme et de ses enfants.

"Ils s’en sont ensuite pris à sa femme, qui a été violée jusqu’à ce qu’elle perde conscience" ainsi qu’à ses quatre filles, selon le procureur. Deux d’entre elles ont été abandonnées par leur mari. Le témoin a été rejeté par deux de ses épouses.

"Jean-Pierre Bemba vous a envoyés pour tuer et non pour vous amuser", répétait à ses troupes un commandant du MLC, selon un autre témoin cité mardi. Ses soldats "tuaient hommes, femmes et enfants sans distinction", selon le procureur.

Les témoignages cités par le procureur démontrent que c’est le président Patassé qui "donnait des ordres aux troupes du MLC se trouvant République centrafricaine", et non M. Bemba, a affirmé l’un de ses avocats, Me Nkwebe Liriss.

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M. Patassé "décidait de l’offensive ou de la contre-offensive avec son ministre de la Défense", a-t-il poursuivi. "Aucune preuve n’atteste que M. Bemba avait la connaissance" des crimes et "l’intention" de les commettre, a ajouté l’avocat.

Il a également remis en cause l’identification par certaines victimes des troupes du MLC grâce à leur langue, le lingala. "Le lingala n’est pas l’apanage du MLC", mais une langue largement parlée en RDC, a avancé Me Liriss.

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Les audiences sont prévues jusqu’à jeudi.

Les juges ont ensuite 60 jours pour décider s’ils confirment les trois chefs d’accusation de crimes contre l’humanité et cinq chefs de crimes de guerre imputés à M. Bemba. Si les charges sont retenues, cela ouvre la voie à un procès.

M. Bemba, 46 ans, avait été arrêté le 24 mai à Bruxelles. En 2006, à la tête du MLC, il avait perdu les élections présidentielles en RDC face à Joseph Kabila. Il s’était exilé en avril 2007. Le MLC est actuellement la principale formation d’opposition en RDC.

Le gouvernement de l’ancien général rebelle François Bozizé avait demandé en janvier 2005 à la CPI de se saisir des crimes commis en Républiqe centrafricaine. Le procureur avait annoncé en mai 2007 qu’il ouvrait une enquête axée sur les violences sexuelles.

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