La CPI examine les premières accusations contre le Congolais Jean-Pierre Bemba

Le procureur a accusé l’ancien vice-président congolais Jean-Pierre Bemba d’avoir utilisé « les viols comme arme de guerre » en République centrafricaine, lors d’une audience de la Cour pénale internationale cruciale pour l’organisation d’un éventuel procès.

Un soldat fidèle à Jean-Pierre Bemba au nord de Bangui, en Centrafrique, le 8 novembre 2002

Un soldat fidèle à Jean-Pierre Bemba au nord de Bangui, en Centrafrique, le 8 novembre 2002

Publié le 12 janvier 2009 Lecture : 2 minutes.

"Jean-Pierre Bemba voulait traumatiser et terroriser la population afin de la décourager de soutenir les rebelles", a accusé le procureur Fatou Bensouda : "il a utilisé les viols comme une arme de guerre (. . . ) les viols de mères en présence de leurs enfants et d’enfants devant leurs parents forcés à regarder".

Selon l’accusation, le Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba a commis sur les instructions de ce dernier des viols, meurtres, tortures et pillages entre octobre 2002 et mars 2003, lorsque ses soldats sont venus appuyer les troupes du président centrafricain Ange-Félix Patassé menacé par une rébellion.

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L’avocat de M. Bemba, Me Nkwebe Liriss, a rejeté ces accusations et dénoncé une "tentative d’écarter M. Bemba des prochaines échéances électorales" en République démocratique du Congo (RDC).

M. Bemba, qui portait lundi une cravate rayée bleu ciel et un costume gris, est resté de marbre, suivant les audiences enfoncé dans son siège, les jambes croisées. Il a transmis plusieurs notes à ses avocats alors que le procureur détaillait les crimes.

"Les hommes de Bemba allaient de maison en maison, pillant la propriété des civils, violant les mères, épouses et filles, sodomisant les chefs des communautés et d’autres hommes, tuant ceux qui résistaient ou essayaient de se protéger", a déclaré Mme Bensouda.

Parmi les centaines de victimes, "nombre sont mortes, soit tuées directement ou bien violées et infectées avec le virus VIH", a-t-elle poursuivi.

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La Cour pénale internationale tient jusqu’à jeudi des audiences dites "de confirmation des charges", durant lesquelles la chambre préliminaire s’assure que les accusations du procureur contre un suspect "présentent des éléments de preuve suffisants".

Les trois juges ont ensuite 60 jours pour décider s’ils confirment les trois chefs de crimes contre l’humanité et cinq chefs de crimes de guerre imputés à M. Bemba. Si les charges sont retenues, cela ouvre la voie à un procès.

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Jean-Pierre Bemba, 46 ans, avait été arrêté le 24 mai à Bruxelles, sur mandat délivré par la CPI. En 2006, à la tête du MLC, Bemba avait perdu les élections présidentielles en RDC face à Joseph Kabila. Il s’était exilé en avril 2007. Le MLC est actuellement la principale formation d’opposition en RDC.

Certains témoins de l’accusation sont des adversaires du MLC. Les poursuites contre M. Bemba doivent "empêcher qu’il existe dans notre pays un alternative viable à la politique actuelle", selon Me Liriss.

"M. Bemba, en tant que chef du MLC, a envoyé ses troupes pour défendre un chef d’Etat démocratiquement élu, ceci est tout sauf un crime", a renchéri Me Karim Khan, l’un de ses autres avocats. M. Patassé avait le commandement du MLC "non pas le suspect que je représente" (M. Bemba), a-t-il dit.

Le MLC avait envoyé en République centrafricaine deux bataillons, soit 1. 000 à 1. 500 soldats, en soutien au régime d’Ange-Félix Patassé, menacé par un rébellion du général François Bozizé, qui a fini par s’emparer du pouvoir en mars 2003.

La Cour pénale internationale est le premier tribunal international permanent chargé de juger les auteurs de génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

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