Burundi : Nkurunziza fait fi des pressions internationales, les manifestations continuent

La France a emboîté le pas à d’autres pays en suspendant sa coopération sécuritaire avec le Burundi. Bujumbura dénonce les pressions diplomatiques.

Le président burundais, Pierre Nkurunziza, le 17 mai 2015 à Bujumbura. © Jerome Delay/AP/SIPA

Le président burundais, Pierre Nkurunziza, le 17 mai 2015 à Bujumbura. © Jerome Delay/AP/SIPA

Publié le 26 mai 2015 Lecture : 3 minutes.

Mis à jour le 27/05/2015 à 8h56.

À mesure que le pays s’enfonce dans la crise liée à la candidature contestée du président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat, les autorités burundaises sont mises sous pression par la communauté internationale. Des semonces diplomatiques dénoncées et rejetées mardi par Bujumbura.

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"Le gouvernement du Burundi est (…) profondément préoccupé par l’activité diplomatique en cours qui tend à saper et – dans une large mesure – à dénigrer les institutions républicaines et constitutionnelles du pays", a déclaré sur les ondes de la radio nationale le porte-parole du gouvernement, Philippe Nzobonariba.

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La France suspend sa coopération sécuritaire

Alors que la Belgique, l’Union africaine ou encore l’Union européenne ont déjà haussé le ton et fait part de leur préoccupations, la France a suspendu sa coopération sécuritaire avec le Burundi, a-t-on appris mardi de source diplomatique française.

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Tout en disant "apprécier les conseils de tous ceux qui sont préoccupés par la situation", le gouvernement avertit que "certaines questions qui touchent à la souveraineté, à la constitutionnalité et à la primauté du droit qui régit la République de Burundi ne peuvent être sujet à débat". Une référence implicite au possible troisième mandat du président Nkurunziza.

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Bujumbura dénonce les pressions

Le gouvernement du Burundi "ne négociera, ni ne discutera des questions qui tendent à saper ses institutions. Ceci est la ligne rouge qui doit guider ceux qui cherchent à collaborer" avec les autorités burundaises, a poursuivi Philippe Nzobonariba, rappelant que le président Nkurunziza a réaffirmé que s’il venait à être élu par le peuple en vertu de la Constitution, ce serait son dernier mandat.

Philippe Nzobonariba a estimé que certaines délégations d’envoyés spéciaux et des comités d’éminentes personnalités dépêchées par la communauté internationale pour aider à trouver des solutions à la crise actuelle débarquaient au Burundi avec des "idées et des recommandations préconçues" sans se donner la peine de vérifier les faits sur le terrain.

Les manifestations se poursuivent

Le porte-parole a par ailleurs dénoncé – sans autre détail – "des rapports" (…) publiés pour diaboliser le gouvernement du Burundi. Avant de pointer du doigt les médias internationaux et des agents étrangers, encourageant selon lui les troubles et l’exode de réfugiés.

Cette déclaration intervient un mois jour pour jour après le début des manifestations, qui se poursuivaient mardi dans la capitale burundaise. Ces défilés contre la candidature du président Nkurunziza à la présidentielle du 26 juin, émaillés de violences, ont déjà provoqué la mort d’une trentaine de personnes. Une réunion de crise, convoquée par la communauté d’Afrique de l’Est, est à nouveau prévue dimanche 31 mai  en Tanzanie. Reste à savoir si Pierre Nkurunziza s’y rendra.

En attendant, à Cibitoke, des tirs soutenus, notamment en rafale, ont éclaté mardi en début de soirée. Des militaires sont arrivés en renfort sur place mais, dans l’obscurité, la situation était très confuse. Des habitants ont évoqué une descente des Imbonerakure, la ligue de jeunesse du parti présidentiel, qualifiée de "milice" par l’ONU.

Un mort à Cibitoke ?

Un photographe étranger a indiqué avoir vu un mort et deux blessés par balles dans le quartier.

Fait nouveau, des barricades ont été érigées dans le quartier commerçant et musulman de Buyenzi, proche du centre-ville, où la police est intervenue pour disperser plusieurs centaines de manifestants, tirant en l’air et jetant des grenades lacrymogènes parfois jusque dans les cours des maisons.

Dans plusieurs quartiers, les routes était bloquées par des rochers et objets de toutes sortes souillés d’excréments, nouvelle tactique pour empêcher les policiers de démanteler les barricades.

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