Racisme : nombreux blessés lors d’une manifestation en faveur des Israéliens d’origine éthiopienne

Une cinquantaine de personnes ont été blessées dimanche soir à Tel Aviv, en majorité des policiers, lors d’un rassemblement de soutien aux Israéliens d’origine éthiopienne, qui sont régulièrement victimes de violences policières.

Des milliers de manifestants se sont réunis dimanche soir à Tel Aviv pour dénoncer le racisme. © Oded Balilty/AP/SIPA

Des milliers de manifestants se sont réunis dimanche soir à Tel Aviv pour dénoncer le racisme. © Oded Balilty/AP/SIPA

Publié le 4 mai 2015 Lecture : 3 minutes.

"Intifada noire"

Après Jérusalem, le 30 mai, c’est au tour de Tel Aviv d’être touchée par une grande mobilisation contre le racisme. Quelque 10 000 personnes, selon la presse, 3 000 selon la police, sont venues défiler à Tel-Aviv, dimanche 3 mai au soir, pour protester contre les violences répétées à l’encontre des Israéliens noirs, pour la plupart des falashas originaires d’Éthiopie. Certains manifestants ont marché les mains levées, poignets croisés, simulant des menottes et scandaient "Ni noir, ni blanc : nous sommes tous des êtres humains". D’autres brandissaient des pancartes, sur lesquelles on pouvait lire : "Un policier violent devrait être en prison" , "Nous demandons l’égalité des droits", "Intifada noire" ou même "Baltimore israélien".

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Les manifestants ont lancé des pierres, des bouteilles et des chaises sur la police. Des canons à eau et des gaz lacrymogènes ont été utilisés pour éloigner les manifestants des rues alentours, en vain. La police n’a pas réussi à empêcher les manifestants de bloquer une autoroute, entraînant un important embouteillage, et même de lancer des cocktails Molotov. Des médias israéliens ont également rapporté que des manifestants ont renversé une voiture de police et allumé des incendies près de l’hôtel de ville. Ils se sont ensuite dirigés vers la mairie, où les heurts ont éclaté. "La police a tiré des grenades assourdissantes pour empêcher les manifestants de s’en prendre à la mairie", rapporte un journaliste de l’AFP. Au moins 23 policiers et 7 manifestants ont été blessés. Plusieurs personnes ont été arrêtées, a indiqué la porte-parole de la police, Luba Samri.

Heurts entre la police et des Israéliens d’origine éthiopienne, le 3 mai 2015 à Tel Aviv. © Jack Guez.

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Un État raciste ?

Jeudi 30 mai, un rassemblement à Jérusalem contre les violences policières envers les Israéliens noirs avait déjà dégénéré. À l’origine de cette vague de soulèvement : une vidéo (voir ci-dessous), dans laquelle, un soldat noir, Damas Pakada, se fait frapper par deux policiers blancs à Bat Yam au sud de Tel-Aviv. Interviewé par la chaîne de télévision Channel 10, le jeune-homme, âgé de 21 ans, a affirmé qu’il se promenait en bicyclette avant d’apercevoir un officier à qui il a demandé ce qu’il faisait. Le policier lui aurait alors répondu agressivement en le menaçant de lui tirer dans la tête, avant de le rouer de coups.

Selon le rapport de 2014 du contrôleur de l’État, 51,7% des familles arrivées d’Ethiopie en Israël vivent en dessous du seuil de pauvreté.

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La vidéo relayée dans la presse israélienne n’a pas tardé à susciter la colère de la communauté falasha (135 000 personnes), qui dénoncent le racisme anti-noir de l’État d’Israël. Fentahun Assefa-Dawit, le directeur de Tebeka, une organisation de défense des droits des Israéliens d’origine éthiopienne, a affirmé qu’il ne s’agissait pas d’un incident isolé, et que ce genre de violences racistes était coutumière pour la communauté falasha. "Je suis noir, alors je dois manifester aujourd’hui", a expliqué à l’AFP Eddie Maconen, 34 ans. Je n’ai jamais personnellement connu la violence policière, mais elle frappe ma communauté", a-t-il ajouté. Parmi les manifestants, des centaines d’Israéliens étaient venus soutenir leurs compatriotes d’origines éthiopiennes, à l’instar de  Zion Cohen. "Ils ont raison à 100 %", estime-t-il. Israël "est un pays raciste et nous ne les acceptons pas".

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"Nous avons fait des erreurs"

Au début du rassemblement, M. Netanyahou a publié un communiqué affirmant qu’il rencontrerait lundi Damas Pakada, ainsi que d’autres représentants de la communauté éthiopienne. Il a promis que toutes les plaintes contre la police allaient être étudiées avant d’ajouter : "Il n’y a pas de place pour la violence". Le ministre israélien de l’économie, Naftali Bennet, est lui, allé à la rencontre des manifestants. Il a déclaré que la société israélienne faisait face à un "sérieux examen de conscience". "Tandis que l’ordre doit être maintenu, nous devons tous chercher les vraies solutions aux problèmes qui sont apparus de manière si douloureuse", a-t-il déclaré, selon des propos rapportés par son cabinet. Lundi, c’est le président Reuven Rivlin qui a réagi. "Nous avons fait des erreurs, nous avons occulté, nous n’avons pas assez écouté", a-t-il reconnu dans un communiqué.

Depuis leur migration, les juifs éthiopiens rencontrent de nombreux problèmes d’intégration. Selon le rapport de 2014 du contrôleur de l’État, 51,7% des familles arrivées d’Ethiopie en Israël vivent en dessous du seuil de pauvreté. "Nous déplorons la violence et les blessés des deux côtés, mais les gens doivent comprendre que nous sommes confrontés à un problème dont il faut s’occuper et qu’il faut résoudre après des dizaines d’années de racisme et d’inégalité", avait indiqué vendredi un militant de la communauté éthiopienne.
 

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