Guinée : des militants de l’opposition condamnés pour « attroupement sur la voie publique »

Les tribunaux de Dixinn (banlieue de Conakry) et de Matam ont prononcé des décisions de justice à l’encontre de prévenus accusés d’avoir participé aux manifestations des 13 et 14 avril.

Barricades dans le centre-vill de Conakry, le 13 avril 2015. © Cellou Binani/AFP

Barricades dans le centre-vill de Conakry, le 13 avril 2015. © Cellou Binani/AFP

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Publié le 16 avril 2015 Lecture : 2 minutes.

Quinze militants de l’opposition guinéenne, tous arrêtés pendant les manifestations politiques des 13 et 14 avril, ont été jugés mercredi 15 avril pour flagrant délit d’"attroupement sur la voie publique", par le tribunal de première instance de Dixinn, dans la banlieue de Conakry.

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Sept d’entre eux ont été reconnus coupables et condamnés à deux mois de prison ferme, et trois autres à deux mois de prison avec sursis. Parmi ces derniers, Abdoul Wahab Diallo, 64 ans, serait un maître coranique. Il dit avoir été arrêté près du marché de Taouyah (commune de Ratoma), où il se rendait pour chercher sa femme, après avoir entendu des coups de feu. Les cinq autres prévenus, dont une femme (Aïssatou Sow), ont été relaxés pour délit non constitué.

Parallèlement, au tribunal de première instance de Mafanco, dans la commune de Matam, six prévenus étaient à la barre pour "participation à une manifestation non déclarée". Cinq ont été condamnés à des peines allant de deux à six mois de prison ferme et à 500 mille francs guinéens d’amende, et un autre a été relaxé, selon le procureur Aly Touré. 

La défense menace de relever appel

Me Salifou Béavogui du collectif des avocats de la défense a des sentiments mitigés, parce que dix de ses clients "ont été condamnés arbitrairement. C’est une décision qui n’est pas fondée. Les débats ont suffisamment démontré que nos clients ne sont pas coupables des faits qu’on leur reproche. Ils ont été kidnappés dans les quartiers, dépouillés de leurs biens et jetés en prison. Je compte relever formellement appel et je pense que le juge d’appel va corriger cela". Autres insatisfaits, les députés de l’opposition qui ont accompagné leurs militants au tribunal. "Je préfère ne rien dire, parce que mes sentiments sont trop mauvais en ce moment", a lâché Mariama Tata Bah, députée de l’UFDG. Le proçès s’est par ailleurs déroulé sans partie civile.

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Silence sur le mort et les blessés civils

Les manifestations de l’opposition des 13 et 14 avril ont fait une dizaine de blessés par balle et un mort officiel (l’opposition parle de trois morts), Thierno Souleymane Bah, né en 1985 à Pita. Le 14 avril, Gaetan Mootoo, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International, s’est dit "préoccupé de constater que les forces de sécurité ont usé d’une force excessive, faisant un mort et plusieurs blessés". Il a appelé les autorités à mener "sans délai une enquête approfondie et indépendante sur les tirs des agents de sécurité". Cela n’est pas entendu, pour le moment. Interpellé sur l’état des enquêtes, le procureur Sidy Souleymane N’Diaye du tribunal de Dixinn, n’a pas souhaité en parler, se disant occupé.

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