Kenya : que s’est-il passé à l’université de Garissa ?

L’attaque de l’université kényane de Garissa (Est) jeudi par les islamistes somaliens Shebab a fait au moins 147 morts. Le bilan le plus lourd depuis l’attentat au camion piégé perpétré contre l’ambassade américaine à Nairobi en 1998.

Une étudiante blessée à l’université de Garissa, le 2 avril © AFP / Carl de Suza

Une étudiante blessée à l’université de Garissa, le 2 avril © AFP / Carl de Suza

Publié le 3 avril 2015 Lecture : 2 minutes.

Le bilan fait froid dans le dos. 147 morts et, au moins, 79 blessés. Des étudiants, essentiellement, tous issus de l’université de kényane de Garissa (Est), localité située à 150 km de la frontière somalienne, froidement tués par les islamistes somaliens shebab.

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Un siège de plus de 16 heures

Vers 05h30 (02h30 GMT) jeudi 2 avril au matin, le commando islamiste a abattu deux gardes à l’entrée de l’université, puis ouvert le feu au hasard sur le campus, avant de pénétrer dans la résidence universitaire. Un complexe d’une vingtaine de bâtiments où plusieurs centaines d’étudiants, sur les 815 inscrits, étaient hébergés.

"Nous dormions quand nous avons entendu une forte explosion suivie de tirs, tout le monde a commencé à fuir", a raconté Japhet Mwala, un étudiant qui a réussi à s’enfuir du campus, mais "certains n’ont pu quitter les bâtiments, vers lesquels les assaillants se dirigeaient en tirant. J’ai de la chance d’être en vie".

Un porte-parole shebab, Cheikh Ali Mohamud Rage, avait revendiqué l’attaque dans la journée, assurant que le commando avait laissé partir les musulmans et gardé les autres étudiants en otage. Le siège, qui aura duré près de 16 heures, a pris fin dans la soirée, a annoncé le ministère de l’Intérieur.

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Assaut des forces de sécurité

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"Les quatre assaillants (…) ont tous été tués par les membres des forces de sécurité qui les ont abattus. Les terroristes portaient des explosifs qui ont détonné" lorsqu’ils ont été touchés, a précisé le ministre de l’Intérieur, Joseph Nkaissery.

Selon une source sécuritaire occidentale, plusieurs membres des forces de sécurité et otages pourraient avoir été tués lorsque les quatre assaillants ont en fait déclenché eux-mêmes leurs ceintures d’explosifs à l’approche des colonnes d’assaut progressant dans le bâtiment.

Le ministère de l’Intérieur a déclaré que "587 étudiants évacués" du campus, sans préciser si ces étudiants figuraient parmi les otages que les Shebab disaient détenir ou s’il s’agissait d’étudiants cachés durant l’attaque. Les étudiants évacués ont passé la nuit dans une caserne en attendant d’être rapatriés chez eux vendredi, selon le ministre de l’Intérieur.

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Des rumeurs d’attaques contre l’université avaient circulé dans la semaine, selon des étudiants. "Personne n’a pris ça au sérieux car ce n’était pas la première fois", a expliqué l’un d’eux, Nicholas Mutuku, tandis que Katherine, étudiante, disait "avoir pensé à un poisson d’avril".

Un couvre-feu a été imposé jeudi soir jusqu’au 16 avril dans les trois comtés longeant la frontière somalienne, plus un quatrième limitrophe de celui de Garissa.

Réactions internationales

L’attaque – "odieuse" et "lâche" selon Washington, "barbare" et "insensée" pour Londres – a été largement condamnée. Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon a réclamé jeudi soir que "les responsables de cette attaque soient traduits devant la justice".

Le président kényan Uhuru Kenyatta avait indiqué jeudi dans un bref communiqué "prier" pour les victimes et les otages. Mercredi, il avait assuré que "le Kenya est aussi sûr que n’importe quel autre pays dans le monde", contestant de nouvelles mises en garde émises par Londres sur la sécurité dans le pays.

(Avec AFP)

 

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