Pour la défense, le procès des pro-Gbagbo est celui de « la politique française en Afrique »

Les avocats de la défense ont terminé vendredi leurs plaidoiries. Selon eux, le procès de Simone Gbagbo et de ses 82 co-accusé est celui « du néocolonialisme, de la politique d’ingérence de la France dans les pays africains ».

À l’intérieur du palais de justice d’Abidjan, le 13 janvier 2015. © AFP/Sia Kambou

À l’intérieur du palais de justice d’Abidjan, le 13 janvier 2015. © AFP/Sia Kambou

Publié le 6 mars 2015 Lecture : 2 minutes.

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Vendredi 6 mars, au troisième et dernier jour des plaidoiries, les avocats de la défense ont pioché dans la réthorique chère au camp de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo. "Condamner Simone Gbagbo, c’est reconnaître que l’on a toujours besoin de notre colon pour venir distribuer les bons points et les mauvais points. L’acquitter, c’est montrer notre amour pour la Côte d’Ivoire", a affirmé Rodrigue Dadjé, l’un des avocats de l’ex-Première dame.

"Il ne s’agit pas d’un procès ordinaire. Il s’agit d’un procès politique, le procès de la politique étrangère française en Afrique", d’une nation "qui installe qui elle veut à la tête de nos pays", a insisté Me Dadjé.

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>> Pour aller plus loin : Côte d’Ivoire – Pascal Affi N’Guessan : "Je suis toujours le président du FPI"

Et l’avocat de fustiger le "procès du néocolonialisme, de la politique d’ingérence de la France dans les pays africains".  L’ex-Première dame doit être "déclarée non coupable de tous les chefs d’accusation", a-t-il poursuivi,

Réquisitions

Les plaidoiries devaient se terminer vendredi dans l’après-midi. Le verdict pourrait être annoncé dans la soirée. Le parquet général a requis mardi dix ans de prison contre la "Dame de fer" ivoirienne, accusée de "participation à un mouvement insurrectionnel", "troubles à l’ordre public" et de "constitution de bandes armées".

Deux ans de prison ont par ailleurs été requis contre Pascal Affi N’Guessan, le président du Front populaire ivoirien (FPI), pour qui les charges de troubles à l’ordre public ont été retenues. L’avocat général a enfin demandé 5 ans d’emprisonnement pour Michel Gbagbo, le fils de l’ex-président Laurent Gbagbo, coupable selon le parquet d’atteintes à l’ordre public et participation à un mouvement insurrectionnel.

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>> Lire aussi : dix ans de prison requis contre Simone Gbagbo

Vingt ans de prison ont été également demandés par le parquet contre le général Dogbo Blé, ancien chef de la garde républicaine, et l’amiral Faussignaux Vagba, le patron de la marine, dont les avocats plaideront aussi ce vendredi.

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Amnistie ?

Au vu de la tournure qu’a pris ce procès-fleuve et du manque de preuves sérieuses présentées par les avocats de l’État ivoirien pour corroborer l’accusation d’atteinte à la sûreté de l’État, de nombreux observateurs parient désormais sur une amnistie des prévenus, qui serait accordée après le verdict par le président Alassane Ouattara.

Certains acteurs de la société civile y voient une prime à l’impunité et rappellent que le recours à l’amnistie n’est pas une nouveauté en Côte d’Ivoire. Pour d’autres en revanche, un tel geste permettrait de relancer un processus de réconciliation bloqué depuis près de quatre ans – malgré la création de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation – et de marquer les esprits à près de huit mois de la présidentielle.

>> Lire aussi : et si Ouattara accordait l’amnistie ?

(Avec AFP)
 

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