Burkina : le gouvernement autorise l’exhumation du corps supposé de Thomas Sankara

Le gouvernement de transition burkinabè a adopté mercredi un décret autorisant l’exhumation et l’expertise de la dépouille supposée de Thomas Sankara. Mais la procédure s’annonce encore longue, aucun accord n’ayant été conclu entre les autorités et Mariam Sankara, la veuve de l’ex-président.

Thomas Sankara à Harare, le 2 septembre 1986. © AFP

Thomas Sankara à Harare, le 2 septembre 1986. © AFP

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Publié le 5 mars 2015 Lecture : 2 minutes.

Une nouvelle étape vient d’être franchie dans l’enquête sur l’assassinat de Thomas Sankara. Le gouvernement de transition burkinabè a adopté, mercredi 4 mars, en conseil des ministres, un décret "portant autorisation d’exhumation et d’expertises des restes du président Thomas Isidore Noël Sankara". Le compte-rendu du Conseil précise que l’adoption de ce décret permet aux ayants-droit de l’ancien chef de l’État "d’ouvrir la tombe supposée contenir son corps et de faire procéder à toutes expertises nécessaires à l’identification".

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Les autorités de transition répondent ainsi aux critiques qui commençaient à monter à Ouagadougou. À peine arrivés au pouvoir, le président Michel Kafando et le Premier ministre Yacouba Isaac Zida avaient multiplié les déclarations sur la réouverture de l’explosif dossier Sankara, suscitant une forte attente dans la famille et au sein de la population. Mais, en un peu plus de trois mois au pouvoir, le régime de transition a été rattrapé par d’autres priorités et la relance de cette affaire complexe reléguée au second plan. Lors d’une interview accordée à Jeune Afrique au début du mois de février, le président Michel Kafando s’était même montré plutôt agacé lorsqu’il a fallu répondre à la question : "Ce sont des sujets dont je ne veux pas avoir à reparler encore et encore"

Aucun accord conclu entre la famille et les autorités

Malgré ce décret, la réouverture de la tombe de l’ancien capitaine révolutionnaire ne semble pas être pour demain. Dans un communiqué transmis à la presse, Mariam Sankara, la veuve de Thomas, affirme qu’elle n’a jamais eu de "contact officiel" avec les autorités de transition et qu’aucun accord sur les modalités de "réouverture du dossier juridique et les travaux légistes d’identification" n’a été conclu. Installée à Montpellier, dans le sud de la France, elle réaffirme tout de même "sa disponibilité à discuter" de ces formalités qu’elle a sollicités. Reste maintenant au ministre de la Défense de saisir le tribunal militaire – la justice civile s’étant déclarée incompétente sur ce dossier – pour qu’il ordonne l’ouverture d’une procédure.

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Thomas Sankara a été tué le 15 octobre 1987 par un commando d’hommes armés à Ouagadougou dans des circonstances troubles. Le régime de Blaise Compaoré, fortement suspecté d’avoir trempé dans l’assassinat de son ancien frère d’armes, a tout fait pour étouffer cette affaire. À tel point que le doute subsiste toujours sur l’identité de la dépouille reposant dans la tombe supposée de Sankara, au cimetière de Dagnoën, dans la capitale burkinabè. Depuis 2010, sa famille réclame donc l’exhumation et l’identification du corps pour tenter de faire la lumière sur la mort de l’idole de la nation.

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Benjamin Roger 

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