Procès Simone Gbagbo : l’avocat de l’État ivoirien réclame trois milliards d’euros

Me Soungalo Coulibaly, l’avocat de l’État ivoirien, a réclamé lundi trois milliards d’euros de dommages et intérêts à l’ex-Première dame Simone Gbagbo et à ses 82 co-accusés dans leur procès pour « atteinte à la sûreté de l’État » qui se tient à Abidjan.

L’ex-Première dame de Côte d’Ivoire Simone Gbagbo au tribunal d’Abidjan le 23 février 2015. © AFP

L’ex-Première dame de Côte d’Ivoire Simone Gbagbo au tribunal d’Abidjan le 23 février 2015. © AFP

Publié le 3 mars 2015 Lecture : 2 minutes.

Trois milliards d’euros. Voilà la faramineuse somme réclamée lundi 2 mars en dommages et intérêts par l’avocat de l’État ivoirien à Simone Gbagbo et à ses 82 co-accusés. Me Soungalo Coulibaly, seule partie civile dans ce procès pour "atteinte à la sûreté de l’État" qui se déroule à Abidjan, est l’avocat mandaté par le ministère de la Justice. Sa plaidoirie est distincte des réquisitions du ministère public, prévues mardi.

Dans le droit ivoirien, l’État peut se constituer partie civile pour demander des peines civiles (dommages et intérêts), quand le parquet général requiert des peines pénales (prison…). "La partie civile réclame comme dommages et intérêts, au regard de tous les préjudices subis par l’État, la somme de 2 000 milliards de francs CFA (environ trois milliards d’euros) que les accusés sont tenus de payer solidairement", a déclaré à la barre Me Coulibaly. Un tel montant est "fantaisiste, absurde et sans fondement", a lancé Me Habiba Touré, l’avocate de Simone Gbagbo, qui devrait plaider à son tour mercredi. "Chacun est poursuivi pour des faits distincts. On ne peut donc demander une solidarité des accusés", a-t-elle dit.

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"Elle doit subir une application stricte de la loi"

83 personnes sont jugées depuis fin décembre pour des "atteintes à la sûreté de l’État" commises durant la crise postélectorale de 2010-2011, dans un procès dont Simone Gbagbo est la tête d’affiche. Plus de 3 000 personnes sont mortes entre décembre 2010 et mai 2011 en raison du refus de l’ex-président Laurent Gbagbo de reconnaître la victoire de son adversaire, l’actuel chef de l’État Alassane Ouattara.

Selon l’avocat de l’État ivoirien, Simone Gbagbo, "rancunière, autoritaire" et d’un "caractère belliqueux", "faisait partie d’un comité de crise logé au palais présidentiel dont la mission était de massacrer la population civile". "Elle a approvisionné de nombreuses milices et mercenaires en armes. Elle a participé à un mouvement insurrectionnel et doit subir une application stricte de la loi", a ajouté Me Coulibaly.

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Une "présidente" à poigne

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Simone Gbagbo, 65 ans, surnommée "la Dame de fer" ivoirienne quand son mari Laurent était au pouvoir, a été autant respectée pour son parcours dans l’opposition que redoutée dans son rôle de "présidente" à poigne, souvent accusée d’être liée aux "escadrons de la mort" contre les partisans d’Alassane Ouattara, qu’elle a toujours honni. L’accusation, très faible durant le procès, n’a pas fourni de preuve matérielle pour l’incriminer, pas plus que ses 83 accusés, estiment des représentants de la société civile et des sympathisants pro-Gbagbo.

Laurent Gbagbo est actuellement détenu par la Cour pénale internationale (CPI), basée à La Haye, en attente de jugement pour "crimes contre l’Humanité". La CPI, qui poursuit Simone Gbagbo pour les mêmes faits, demande également son transfèrement aux Pays-Bas. Mais Abidjan s’y refuse, arguant que la justice ivoirienne est à même d’offrir un procès équitable et transparent à l’ex-Première dame.

(Avec AFP)

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