État islamique en Libye : la riposte égyptienne

Des avions de combat égyptiens ont bombardé lundi des positions du groupe État islamique (EI) en Libye, en représailles à la décapitation de 21 chrétiens coptes égyptiens revendiquée par l’organisation terroriste. L’Égypte est désormais en première ligne sur le nouveau front jihadiste libyen. 

Abdel Fattah al-Sissiet le patriarche copte Tawadros II à la cathédrale du Caire, le 16 février. © AFP

Abdel Fattah al-Sissiet le patriarche copte Tawadros II à la cathédrale du Caire, le 16 février. © AFP

Publié le 17 février 2015 Lecture : 3 minutes.

L’Égypte contre-attaque. Après la décapitation de 21 de chrétiens coptes par des membres du groupe État islamique (EI), des avions de combat de l’armée égyptienne ont bombardé lundi 16 janvier des positions de l’organisation terroriste en Libye. Cette intervention contre la branche de l’EI en Libye marque l’ouverture d’un nouveau front pour l’armée égyptienne, qui peine déjà à contrer sur son territoire des jihadistes affiliés à l’EI menant des attentats spectaculaires contre les forces de l’ordre.

"Nos forces armées ont mené lundi des frappes aériennes ciblées contre des camps et des lieux de rassemblement ou des dépôts d’armes de Daech (acronyme arabe de l’EI) en Libye", a annoncé l’armée égyptienne. Les militaires ont rendu publiques des images montrant des avions de combats – manifestement des F-16 – décollant en pleine nuit. Des témoins ont assuré que des avions avaient frappé à Derna, fief des jihadistes à 1 300 km à l’est de Tripoli. Ces raids, conduits avec l’armée libyenne, auraient tué 50 jihadistes.

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Méthodes extrêmement brutale

Les décapitations de coptes revendiquées dimanche soir par la branche libyenne de l’EI montrent que l’organisation jihadiste a exporté ses méthodes extrêmement brutales en dehors des régions qu’elle contrôle en Syrie et en Irak, où elle multiplie les atrocités.

Face à cette progression préoccupante, les présidents égyptien Abdel Fattah al-Sissi et français François Hollande ont appelé conjointement l’ONU à réunir son Conseil de sécurité pour décider de "nouvelles mesures" contre l’EI. Le Caire a en outre insisté sur la nécessité impérative d’une "intervention ferme" de la communauté internationale pour enrayer la progression du groupe en Libye. Le Conseil de sécurité de l’ONU s’est cantonné lundi à condamner "cet acte lâche et odieux (…) qui démontre une nouvelle fois la brutalité de l’EI". La chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, rencontrera les autorités égyptiennes et américaines cette semaine pour évoquer une possible action commune en Libye, mais elle a écarté tout rôle militaire pour l’UE.

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Ennemi commun

Sur la vidéo de l’EI diffusée sur internet, des hommes portant des combinaisons oranges, semblables à celles d’autres otages exécutés ces derniers mois en Syrie, sont alignés sur une plage, les mains menottées dans le dos, avant que leurs bourreaux ne les décapitent au couteau. Exprimant sa "profonde tristesse", le pape François a souligné que les 21 hommes avaient été exécutés "pour le seul fait d’être chrétiens". Tandis que Washington a condamné un "meurtre abject", François Hollande, dont le gouvernement a signé lundi la vente de 24 avions de combat Rafale avec l’Égypte, a "exprimé sa préoccupation face à l’extension des opérations" du groupe jihadiste en Libye.

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Avec les frappes menées en Libye, le président Sissi, critiqué pour son bilan en matière des droits de l’Homme, se pose en rempart contre l’ennemi jihadiste commun, éclipsant ainsi l’implacable répression qu’il mène contre ses adversaires islamistes. Le président Sissi s’est par exemple entretenu avec le Premier ministre britannique David Cameron, évoquant selon le porte-parole de ce dernier "la façon dont la Grande-Bretagne et l’Égypte peuvent renforcer leurs liens bilatéraux pour vaincre le terrorisme".

Accusé de nettoyage ethnique et crimes contre l’humanité, l’EI a reçu l’allégeance de plusieurs groupes jihadistes, dont celle des insurgés égyptiens d’Ansar Beït al-Maqdess qui ont récemment publié des vidéos d’attentats spectaculaires ou de décapitations dans le Sinaï (est). Le groupe a également rallié à sa cause des insurgés en Libye, pays plongé dans le chaos depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011.

(Avec AFP)

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