Afrique du Sud : qui est Eugène de Kock, le « tueur numéro 1 » de l’apartheid ?

Le ministre sud-africain de la Justice a accordé vendredi la liberté conditionnelle à Eugene de Kock, le plus célèbre tueur de l’apartheid, responsable de kidnappings, de tortures et d’assassinats d’opposants, qui était en prison depuis 1994.

Eugène de Kock, en juillet 1998. © WALTER DHLADHLA/AFP

Eugène de Kock, en juillet 1998. © WALTER DHLADHLA/AFP

Publié le 30 janvier 2015 Lecture : 2 minutes.

Eugene de Kock, 65 ans, a passé 20 ans en prison. Considéré comme le tueur numéro un du régime d’apartheid, il avait été condamné à 212 ans de prison pour 89 crimes et délits commis lorsqu’il était à la tête d’une unité anti-terroriste de la police du régime raciste.

Il se présente comme un "assassin d’État"

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Plusieurs fois décoré, de Kock était à la tête d’une unité spéciale pourchassant les militants anti-apartheid, appelée "Vlakplaas", du nom de la ferme où l’escadron torturait et exécutait, près de Pretoria.

Pendant son procès et devant la Commission vérité et réconciliation mise sur pied pour révéler et éventuellement pardonner les crimes de l’apartheid, il a avoué plus de 100 crimes. Il avait longuement et froidement détaillé la multitude d’atrocités commise par la Vlakplass.

Se qualifiant lui-même d’"assassin d’État", il a toujours affirmé avoir agi sur ordre de supérieurs, posant le problème de la responsabilité de la haute hiérarchie militaire et politique de l’apartheid.

Amnistié pour la plupart de ses crimes

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Il a été amnistié pour la plupart de ces crimes, y compris la destruction à la bombe des bureaux de l’ANC (le parti auquel appartenait Nelson Mandela) à Londres en 1982 et 12 meurtres de militants anti-apartheid.

Mais six meurtres dont le mobile politique direct n’était pas avéré, lui ont valu deux condamnations à perpétuité pour plus 212 ans.

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Portrait d’Eugene de Kock (en anglais)

Participation exemplaire à la Comission vérité et réconciliation

Sa participation modèle à la Commission vérité et réconciliation voulue par l’ancien président Nelson Mandela, avait permis à de Kock d’être éligible depuis plus de sept ans à une remise en liberté conditionnelle. Elle lui avait été refusée deux fois.

Dans un pays où la réconciliation raciale reste difficile, le débat était toujours vif avant l’annonce de sa libération conditionnelle vendredi 30. Pour beaucoup de ses compatriotes, Eugene de Kock reste le diable incarné, auteur de crimes impardonnables.

Pour d’autres, c’est un bouc émissaire, un détenu symbolique mais repentant expiant un demi-siècle de racisme institutionnalisé et payant à la place de tous les responsables d’horreurs commises sous l’apartheid mais jamais punies.

L’argument était avancé par De Kock lui-même dans sa requête en libération conditionnelle l’an dernier. "Je suis le seul membre de la police sud-africaine purgeant une peine pour les crimes que j’ai commis, dans le cadre des efforts du Parti national (au pouvoir entre 1948 et 1994) pour maintenir l’apartheid", soulignait-il.

Sujet d’une pièce de théâtre

Son histoire a donné matière à une pièce de théâtre de Nicholas Wright, "A Human Being Died That Night" ("Un être humain est mort cette nuit-là"), tirée du livre de la psychologue qui a interrogé De Kock en prison, Pumla Gobodo-Madikizela.

(Avec AFP)

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