Santé : la lèpre persiste en Afrique

En régression dans le monde depuis les années 2000, la lèpre, maladie inféodée à l’homme depuis l’Antiquité, stagne depuis dix ans. L’Afrique, troisième continent le plus concerné après l’Asie du Sud-Est et l’Amérique, affiche même une augmentation annuelle des nouveaux cas depuis 2012. À l’approche de la 62e Journée mondiale des lépreux, dimanche 25 janvier 2015, voici un point sur la pathologie.

Un malade de la lèpre à Kinshasa. © AFP

Un malade de la lèpre à Kinshasa. © AFP

Publié le 23 janvier 2015 Lecture : 3 minutes.

La lèpre, qu’est-ce que c’est ?

Encore dénommée maladie de Hansen, la lèpre est une maladie infectieuse chronique causée par une bactérie, Mycobacterium leprae. Ce bacille s’attrape par les voies respiratoires. L’incubation très lente et les premiers symptômes discrets, tels une tache sur la peau ou une légère insensibilité, peuvent en ralentir le diagnostic. Il n’existe pas une, mais plusieurs formes de lèpre dont deux extrêmes : les sujets qui se défendent le moins bien développent de contagieuses lésions nasales ou cutanées (lèpre multibacillaire). D’autres luttent très bien contre l’infection. Ils ne sont pas contagieux, mais souffrent de déformations handicapantes des mains et des pieds (lèpre paucibacillaire).

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La maladie n’est pas mortelle sauf dans certains cas extrêmes de surinfection des plaies.

Où sévit la maladie en Afrique ?

Maladie millénaire, la lèpre serait apparue en Afrique de l’Est puis aurait été propagée sur la planète au gré des migrations humaines. De nos jours, toutes les formes sont présentes en Afrique. L’Organisation mondiale pour la santé (OMS) rapporte qu’en 2013, le taux de dépistage sur le continent était de 20 911 cas pour 100 000 habitants. Le Nigeria compte le pourcentage de cas de lèpre multibacillaire le plus élevé parmi les nouveaux cas (93,6 %) et le Burkina Faso, le plus fort taux de formes invalidantes (33,2 %). Les femmes sont les plus touchées au Soudan du Sud (56,4 %) et les enfants, aux Comores (29 %).

>> Lire aussi : Lèpre de Guinée : "Les zones enclavées regorgent de malades ne pouvant se soigner"

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Comment se soigne-t-on de la lèpre ?

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Préconisée depuis 1982, une polychimiothérapie (PCT), composée de trois antibiotiques pour éviter toute résistance de la bactérie, permet aux malades très sensibles de guérir après six à douze mois de traitement. Les patients souffrant d’invalidités doivent bénéficier d’une chirurgie réparatrice et de rééducation. Pour éviter tout risque de transmission et de handicap, le diagnostic doit être posé au plus tôt.

Comment évolue la maladie ?

Sur la période 2006-2013, la lèpre diminue en Afrique jusqu’en 2012, passant de 34 480 à 20 213 nouveaux cas dépistés sur 100 000 habitants. Depuis, elle augmente légèrement (20 599 cas en 2012 et 20 911 cas, en 2013). L’OMS précise : "quelques pays – la Côte d’Ivoire, l’Éthiopie, Madagascar et la République démocratique du Congo – ont notifié plus de cas en 2013 que l’année précédente, bien qu’en nombres très réduits." Pour Vincent Jarlier, directeur du laboratoire de Bactériologie-Hygiène à la faculté de médecine Pitié-Salpêtrière (Paris VI), les malades se localisent dans des zones difficiles d’accès pour les équipes médicales (quartiers urbains isolés et zones rurales reculées). Il persiste également, selon lui, un frein culturel, les malades recourant parfois sur de longs mois à la médecine traditionnelle. En outre, admettre la maladie demande au patient un effort considérable, la lèpre pouvant être perçue comme une malédiction. Ainsi, il peut s’écouler du temps avant son diagnostic et des contaminations peuvent se faire.

Comment lutter contre la lèpre ?

Les vaccins à l’étude étant pour l’heure inefficaces, l’objectif reste la réduction de la transmission. "La détection précoce et le traitement de tous les cas par la PCT demeurent les principes fondamentaux de la lutte contre la lèpre", préconise l’OMS. Il s’agit aussi de surveiller toute éventuelle propagation d’une résistance de la lèpre aux médicaments. Pour atteindre les populations isolées, davantage de moyens humains, techniques, sanitaires et financiers sont nécessaires ainsi que des programmes d’information et de sensibilisation des populations.

Des chiffres qui interpellent

• 215 656 nouveaux cas dépistés en 2013 dans le monde, soit 1 nouveau cas toutes les 2 minutes
• 129 464 multibacillaires (forme la plus contagieuse)
• 13 295 présentant des incapacités de degré 2 (visibles et irréversibles)
• 17 796 enfants de moins de 15 ans sont touchés

(Source : OMS, septembre 2014)

>> Pour plus d’informations sur la lèpre, voir le site de la Fondation Raoul Follerau

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