Afrique du Sud : violences xénophobes, que se passe-t-il à Soweto ?

La nation Arc-en-Ciel revit les douloureux souvenirs des émeutes des sombres heures de l’Apartheid dans le township populaire de Soweto. Depuis lundi des boutiques tenues par des commerçants étrangers sont la cible d’attaques et de pillages.

Des émeutes à Soweto en septembre 2007. © Archives AFP

Des émeutes à Soweto en septembre 2007. © Archives AFP

ProfilAuteur_EdmondDalmeida

Publié le 22 janvier 2015 Lecture : 3 minutes.

Une affaire de meurtre comme déclencheur

C’est une affaire de meurtre qui a mis le feu aux poudres dans cette banlieue populaire de Johannesburg. Le 19 janvier, un adolescent âgé de 14 ans qui tentait de dévaliser une boutique avec d’autres jeunes a été abattu par un commerçant d’origine étrangère. L’incident a provoqué la colère des habitants du township qui ont pillé pendant plusieurs jours les commerces tenus par des étrangers dans plusieurs zones de Soweto.

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Selon la South African Broadcasting Corporation (SABC), principal groupe audiovisuel du pays, un jeune de 19 ans aurait été aussi abattu le 15 janvier lors d’une tentative de vol dans une boutique de Naledi, un autre quartier pauvre de Johannesburg (voir vidéo ci-dessous). 

Pauvreté croissante 

Ces incidents remettent au goût du jour les disparités sociales persistantes en Afrique du Sud. Malgré les nombreux programmes de réhabilitation mis en œuvre depuis la fin de l’Apartheid, Soweto reste un township qui concentre les frustrations des communautés défavorisées de la capitale sud-africaine. La zone se développe, le nombre d’habitants augmente, mais moins vite que celui des pauvres. De nombreuses personnes, venues pour la plupart de l’intérieur du pays vivent dans de grands bidonvilles situés dans la périphérie du township.

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Récurrence des violences xénophobes

Soweto symbolise à elle seule les profondes disparités sociales en Afrique du Sud. Et les récriminations des plus pauvres de dirigent de plus en plus vers les étrangers, accusés de piller le pays. Dans la foule de pillards, des propos ouvertement xénophobes ont été tenus devant les médias du pays. "Les commerçants étrangers tuent les entreprises locales, ne paient pas leurs impôts et surtout n’embauchent pas les autochtones", colère un jeune de 18 ans.

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Ces dernières années, la nation arc-en-ciel est secouée par de nombreuses affaires similaires. En mai 2008, des violences contre des étrangers à Johannesburg avaient fait 62 morts et des centaines de blessés. Cinq ans plus tard en mai 2013, des magasins d’étrangers avaient été pillés à Diepsloot, un township situé au nord de la même ville. À l’époque, un commerçant d’origine somalienne avait tué deux personnes qu’il accusait de vouloir le voler. Le gouvernement avait alors reconnu le caractère xénophobe des violences et condamné des actes relevant de la "pure criminalité".

Si la communauté somalienne est principalement ciblée ces derniers jours, selon certaines sources le commerçant ayant abattu l’adolescent serait d’origine pakistanaise.

D’après le Centre africain pour les migrations et la société, 140 étrangers ont été tués en 2012 et trois seraient victimes de meurtre chaque semaine en moyenne. La violence xénophobe se banaliserait partout en AAfrique du sud, le phénomène s’invitant même au premier rang des thématiques débattues lors des campagnes électorales. Les étrangers sont souvent accusés d’être la cause des difficultés économiques du pays.

>> Lire aussi : Soweto, nouveau temple de la bourgeoisie noire

La police pointée du doigt

Du côté des commerçants tout comme de celui des habitants, on pointe la responsabilité de la police. Pour les uns, les forces de l’ordre ne parviennent pas à protéger les commerçants des vols à répétition parfois très violents commis par certains jeunes de Soweto. D’où ce besoin permanent de s’auto-défendre en s’équipant des mêmes armes que celles utilisées par les voleurs.

En face, les habitants estiment que les forces de l’ordre prennent le parti des étrangers qui sont souvent en meure de "se payer leurs services".

La police annonce avoir procédé à 92 arrestations. 83 personnes sont poursuivies pour violences, huit pour usage d’armes à feu. Une seule personne est inculpée pour meurtre. 

 >> Lire aussi : L’Afrique du Sud durcit ses lois sur l’immigration

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