Homosexualité en Égypte : verdict inédit de la justice pour les 26 hommes accusés de « débauche »

Les 26 hommes accusés de « débauche » pour avoir organisé et participé à des « orgies homosexuelles » dans un hammam public ont été acquittés lundi par la justice égyptienne. Une première dans pays particulièrement sévère avec la population gay.

Des accusés de « débauche » homosexuelle au tribunal correctionnel du Caire, le 12 janvier 2015. © AFP

Des accusés de « débauche » homosexuelle au tribunal correctionnel du Caire, le 12 janvier 2015. © AFP

Publié le 13 janvier 2015 Lecture : 2 minutes.

Les faits

Le 7 décembre 2014, 26 hommes sont interpellés dans un hammam public du quartier d’Azbakeya, dans le centre du Caire, pour avoir organisé et participé à des "orgies homosexuelles".

Parmi les prévenus se trouvent le propriétaire et quatre employés du hammam, qui étaient jugés pour "administration d’un lieu de débauche". Les 21 autres étaient accusés de "débauche et d’attentat à la pudeur".

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Les images de la descente policière sont diffusées sur une chaîne de télévision privée, montrant les prévenus à moitié nus, portant seulement leurs sous-vêtements ou une serviette autour de la taille. La journaliste qui a filmé la scène, Mona Iraqi, s’était targuée d’avoir dénoncé l’établissement à la police.

Des avocats et certains proches des acquittés appellent à poursuivre en justice la journaliste.

Un verdict inédit dans un contexte répressif

"La cour a décidé d’acquitter tous les accusés", a affirmé le juge, sans justifier son verdict, avant de se retirer immédiatement.

En acquittant les prévenus, lundi 12 janvier, la justice égyptienne a fait preuve d’une clémence inédite : si la loi égyptienne n’interdit pas formellement l’homosexualité, plusieurs personnes ont été condamnées ces dernières années pour avoir pris part à des fêtes rassemblant des homosexuels. Des affaires qui ont défrayé la chronique dans des médias égyptiens toujours prompts à les dénoncer.

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>> Pour aller plus loin : Coup de filet sur les gays

Les autorités sont accusées d’avoir intensifié leur répression à l’encontre de la communauté gay depuis l’arrivée au pouvoir de l’ex-chef de l’armée et actuel président Abdel Fattah al-Sissi.

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En septembre, l’ONG Human Rights Watch accusait ainsi les autorités d’avoir "à plusieurs reprises arrêté, torturé et détenu des hommes soupçonnés de conduite homosexuelle".

Fin décembre, huit hommes ont été condamnés à un an de prison après être apparus dans une vidéo filmée, selon le parquet, lors d’un "mariage gay". Et au moins 150 personnes ont été arrêtées en 2014 car soupçonnés d’être des homosexuels, selon des défenseurs des droits de l’Homme et militants LGBT.

Réactions de joie

Placés dans le box grillagé des accusés, les 26 hommes ont aussitôt laissé éclater leur joie, en criant "Dieu est grand". Ils ont ensuite été transférés au commissariat en vue de leur libération. "Vive la justice", ont-ils scandé avec leur famille à la sortie du tribunal.

"Enfin, un tribunal égyptien prononce un verdict conforme à la loi dans une affaire de ce genre," s’est félicité l’avocat de la défense, Ahmed Hossam. "C’est génial et sans précédent en Égypte," a confirmé Scott Long, un militant américain des droits de l’homme qui suivait l’affaire de près.

"Il n’y avait aucune preuve contre eux," a indiqué un autre avocat de la défense, Islam Khalifa. "Il n’y avait que le récit de l’officier de police (qui a mené l’arrestation)". "Grâce à Dieu, la vérité a été révélée," pleurait de joie Hanan, mère de l’un des acquittés. "Mon fils se trouvait dans le hammam avec son ami pour se laver avant son mariage", a-t-elle affirmé.

"L’affaire était montée de toute pièce et allait détruire la vie de 26 familles," s’est emporté Sayed, le frère d’un autre ex-accusé.

(Avec AFP)

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