Les Tunisiens votent pour élire un président et tourner la page de la transition

En se choisissant un nouveau chef d’État dimanche, la Tunisie tournait, avec émotion ou indifférence, la page d’une transition postrévolutionnaire qui aura duré quatre ans. Un scrutin marqué également par la recrudescence de la menace terroriste.

Un électeur tunisien met son bulletin dans l’urne, le 21 décembre 2014 à Tunis. © Fethi Belaid

Un électeur tunisien met son bulletin dans l’urne, le 21 décembre 2014 à Tunis. © Fethi Belaid

Publié le 21 décembre 2014 Lecture : 2 minutes.

L’attaque de l’école primaire, centre de vote de Haffouz (Centre), qui a fait un mort et un blessé samedi 20 décembre, la veille du second tour de la présidentielle, a fait monter d’un cran l’alarme sécuritaire et mis un bémol à l’euphorie qui régnait depuis la clôture de la campagne électorale vendredi dernier. Par un dimanche froid et ensoleillé, ce sont 5,3 millions de Tunisiens qui sont appelés à choisir entre l’ancien premier ministre et vainqueur du premier tour avec 39,43 % des suffrages, Béji Caïd Essebsi, 88 ans, fondateur du parti Nidaa Tounès, majoritaire aux législatives, et Moncef Marzouki, 69 ans, président sortant et si certain de sa victoire malgré ses 33,43 % du premier tour, qu’il impute une éventuelle défaite à un bourrage des urnes.

Les réseaux sociaux révèlent qu’il a enfreint le silence électoral en improvisant un discours à la sortie du bureau de vote d’El Kantaoui et en appelant à la vigilance de l’Instance supérieure indépendante des élections (Isie). Quoi qu’il en soit, les Tunisiens sont épuisés par les polémiques et les campagnes électorales ; c’est la troisième fois en moins de deux mois qu’ils votent.

A la mi journée, les bureaux de vote étaient loin d’être pris d’assaut comme en octobre 2011.

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"Je ne vote plus par conviction comme en 2011 mais pour tourner la page ; pour que le pays ne flanche pas", explique Habib, retraité, tandis que son voisin souhaite que le pays retrouve son équilibre et sa dignité. "De A à Z, tout est à revoir", dit ce dernier, non sans humour.

Où sont les jeunes ?

Mais le plus inquiétant, c’est que les jeunes, à l’origine de la révolution, semblent bouder les urnes malgré tous les appels qui leur ont été lancés. "C’est consternant ; la priorité des nouveaux élus sera de réconcilier la jeunesse avec la politique", assure Tarak Guirat, un militant de la société civile qui s’afflige aussi de la faible participation.

En effet, à la mi journée, les bureaux de vote étaient loin d’être pris d’assaut comme en octobre 2011, alors que seuls 15,80 % des Tunisiens à l’étranger se sont rendus aux urnes. Beaucoup estiment que faute de consignes de vote claires émises par les partis qui ne sont pas dans la course, leur électorat ne s’est pas déplacé. Mais rien n’est vraiment : au premier tour, une tendance similaire s’est inversée grâce à une forte affluence dans l’après-midi.

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Des observateurs relèvent tout de même des disparités et soulignent que dans des quartiers populaires comme El Mourouj et Ettahrir, les files d’électeurs sont conséquentes contrairement aux quartiers plus bourgeois d’El Menzah ou La Marsa. "On a beau jeu de dire que la politique nous écœure et qu’il nous semble avoir à choisir entre la peste et le choléra, notre passivité fait que nous sommes responsables des résultats. Il ne faudra pas venir se plaindre après", assène un  contrôleur de Nidaa Tounès.  Dans tous les cas, et quelle que soit l’issue du scrutin, la Tunisie sera encore une fois divisée entre les indifférents, les satisfaits et les mécontents. Mais tous, liberté d’expression oblige, ont désormais leur mot à dire.

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