Côte d’Ivoire : PDCI et FPI unis dans la division à dix mois de la présidentielle

À dix mois de la présidentielle ivoirienne, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) d’Henri Konan Bédié et le Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo n’ont jamais été aussi divisés. Comme le montrent les événements de jeudi…

HKB et Pascal Affi N’Guessan, deux leaders politiques ivoiriens. © Montage JA.

HKB et Pascal Affi N’Guessan, deux leaders politiques ivoiriens. © Montage JA.

Publié le 19 décembre 2014 Lecture : 3 minutes.

Ambiance électrique ce jeudi 18 décembre en Côte d’Ivoire. Dans les états-majors de deux des trois principaux partis du pays, les divisions internes s’affichent désormais sur la place publique. À la bataille judiciaire qui se joue au sein du parti de Laurent Gbagbo viennent s’ajoutent des tensions dans de la formation de Henri Konan Bédié.

À quelques dix mois de l’élection présidentielle, seules les troupes du chef de l’État se montrent pour l’instant unies derrière leur leader, Alassane Ouattara, arrivé au pouvoir en 2011 après cinq mois de crise, qui se pose en favori du prochain scrutin. Mais le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI, majorité) et le Front populaire  ivoirien (FPI) se présentent en ordre dispersé, faisant craindre un scrutin houleux.

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Le PDCI se savait en difficulté depuis que son dirigeant Henri Konan Bédié avait appelé en septembre à soutenir le président sortant. La consigne, qualifiée de "forfaiture" par un cadre du parti, rencontre une forte hostilité en interne.

Bousculade et coups de poings au PDCI

Les divergences se sont manifestées physiquement le 18 décembre, à l’occasion d’un bureau politique du parti censé définir la stratégie de cette formation pour la prochaine présidentielle. "Nos paroles, nos actes et nos gestes doivent être empreints d’une grande lucidité et d’une grande sagesse", a pourtant exhorté Henri Konan Bédié lors d’un bref discours d’ouverture aux 650 cadres réunis au siège du parti.

Henri Konan Bédié a appelé à la tenue d’un congrès du PDCI le 28 février pour entériner son choix.

Moins de cinq minutes après ce message, une bousculade débutait dans l’énorme salle de conférence accueillant les débats. Des coups de poing étaient échangés entre partisans et opposants à la ligne du dirigeant du PDCI.

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"Il faut soutenir Alassane Ouattara"

Plusieurs "rebelles" étaient une heure plus tard exclus manu militari de la réunion, à grands renforts de cris. "Il n’y a pas de démocratie au PDCI, il n’y a pas de débat", a tempêté Williams Koffi, l’un d’entre eux.

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"Je continue de penser qu’il faut soutenir [Alassane Ouattara] dans sa quête d’un second mandat", a martelé pour sa part Henri Konan Bédié (HKB), qui a appelé à la tenue d’un congrès du PDCI le 28 février pour entériner son choix.

Président de la République de 1993 jusqu’au putsch de 1999, HKB est un partenaire-clé d’Alassane Ouattara, dont il avait permis l’élection en 2010 à la faveur d’une alliance au second tour. Mais depuis décembre 2013, plusieurs cadres du parti contestent l’autorité de leur chef.

Bertin Kouadio Konan, un député PDCI, postule d’ores et déjà pour la présidentielle. Amara Essy, un ancien ministre des Affaires étrangères, et Charles Konan Banny, ancien Premier ministre, sont de leur côté candidats à l’investiture interne. Ils pourront se présenter à l’élection, mais "en leur propre nom", a souligne le président du PDCI.

>> Lire aussi l’interview de KKB : "Ma candidature sera prioritairement portée par des jeunes"

Combat en justice

La situation semble presque pire au Front populaire ivoirien (FPI), le parti de l’ex-président Laurent Gbagbo, dont les luttes internes ont été portées devant les instances judiciaires d’Abidjan. Là encore, deux camps s’opposent.

Le premier, qui fait de la libération de l’ancien président ivoirien "le cœur de la stratégie de lutte du parti", veut voir Laurent Gbagbo désigné à la tête du FPI bien qu’il soit emprisonné depuis trois ans à la Cour pénale internationale pour "crimes contre l’humanité". Le second soutient l’actuel patron du parti Pascal Affi N’Guessan, opposé à l’ex-chef de l’Etat dans ces élections internes, qui souhaite participer à l’élection de 2015 sous la bannière de la principale formation d’opposition.

La justice ivoirienne a fait savoir jeudi qu’elle statuerait finalement vendredi 26 décembre sur une autre demande d’"Affi", qui souhaite voir invalider la candidature de Laurent Gbagbo à cette élection.

>> Lire aussi : Confirmation de l’interdiction du congrès du FPI, Affi N’Guessan renforcé

(Avec AFP)

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