Paix et sécurité : à Dakar, Idriss Déby Itno se lâche sur la crise libyenne

Les chefs d’État du Sénégal, du Mali, du Tchad, de la Mauritanie et le ministre français de la Défense ont clôturé mardi le Forum international sur la paix et la sécurité de Dakar par un panel au cours duquel Idriss Déby Itno a abordé longuement et très librement la crise libyenne.

Le président tchadien Idriss Déby Itno, au pouvoir depuis près de 25 ans. © Asharf Shazly/AFP

Le président tchadien Idriss Déby Itno, au pouvoir depuis près de 25 ans. © Asharf Shazly/AFP

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Publié le 17 décembre 2014 Lecture : 2 minutes.

On connaissait la vision d’Idriss Déby Itno sur les causes de la crise libyenne, mais on l’avait rarement entendu l’exposer ainsi en public. Lors du panel de clôture du Forum international sur la paix et la sécurité en Afrique, mardi 16 décembre, auquel participaient également les chefs d’État Macky Sall (Sénégal), Ibrahim Boubacar Keïta (Mali), Mohamed Ould Abdelaziz (Mauritanie), ainsi que l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo et le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, le président tchadien s’est épanché pendant plus 20 minutes avec une liberté de ton plus qu’étonnante, notamment vis-à-vis des partenaires occidentaux de l’Afrique.

"Les Occidentaux nous ont-ils consulté lorsqu’ils ont attaqué la Libye, ou qu’ils ont divisé le Soudan", a-t-il déclaré avant de se lancer dans une longue tirade. "La solution en Libye n’est pas entre nos mains. Elle est entre celles de l’Otan qui a créé ce désordre", a-t-il poursuivi. Il fallait accompagner la Libye après la chute de Mouammar Kadhafi. La situation actuelle en est la conséquence. Tout comme Boko Haram, l’avancée des jihadistes au Mali et la libre circulation des armes dans tout le Sahel. La Libye était du temps de Kadhafi le pays le plus armé d’Afrique. Ces armes sont aujourd’hui disséminées partout."

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Les dirigeants africains doivent rendre des comptes à leur société civile.

Idriss Déby Itno

"Feuille de route"

Après avoir dressé le diagnostic, Idriss déby précise les moyens qui, selon lui, sont de nature à remédier au mal. "Aucune armée africaine ne peut attaquer la Libye. L’Otan en a les moyens. Elle doit y aller, c’est sa responsabilité. C’est à nos amis occidentaux de trouver une solution pour la Libye et le peuple libyen. Nous pourrons ensuite les accompagner."

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Et de conclure, sous un tonnerre d’applaudissement : "L’Afrique n’est toujours pas capable de faire fonctionner sa propre organisation (l’Union africaine). Est-ce un problème d’argent ? Les richesses manquent-elles chez nous ? Non. Les dirigeants africains doivent rendre des comptes à leur société civile".

Réponse un poil ironique du ministre français de la Défense au président tchadien, au pouvoir depuis près de 25 ans : "Je suis heureux de constater qu’une feuille de route pour les dix prochaines années a été tracée. Je ne peux que la partager. Je suis d’autant plus satisfait que, le Tchad assurant la présidence tournante du conseil de sécurité de l’ONU, nous sommes certains qu’elle sera mise en œuvre."

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>> Lire l’interview de Le Drian : "Au Mali comme en Centrafrique, l’heure de vérité approche"

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Par Vincent Duhem, envoyé spécial à Dakar

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