Cameroun – Me Bertrand : « On nous cache quelque chose sur la mort d’Albert Ebossé » en Algérie

Le 23 août dernier, quelques minutes après la rencontre entre la JS Kabylie et l’USM Alger (1-2), l’attaquant camerounais de la JSK Albert Ebossé (24 ans) trouvait la mort à la sortie du terrain. L’avocat français de sa famille, Me Jean-Jacques Bertrand, conteste la version du club, après avoir consulté le rapport de l’autopsie pratiquée à Douala le 11 septembre, que « Jeune Afrique » reproduit en bas de cette interview.

Albert Ebossé a-t-il été assassiné ? © DR

Albert Ebossé a-t-il été assassiné ? © DR

Alexis Billebault

Publié le 16 décembre 2014 Lecture : 3 minutes.

Jeune Afrique : que vous inspire ce rapport d’autopsie ?

Me Jean-Jacques Bertrand : La famille d’Albert Ebossé a accepté que ce rapport puisse être publié, car à ses yeux, les conclusions vont à l’encontre de l’explication avancée par le club de la JSK, selon lequel le joueur aurait reçu sur la tête une tuile lancée par une personne non identifiée, et que ce choc aurait entraîné le décès. Dans ce dossier, il y a d’abord un fait : depuis ce drame, nous ne savons pas où en sont l’instruction et l’enquête menées en Algérie. La justice algérienne ne dit rien. Après le drame, il y avait des médecins, des policiers qui sont intervenus, qui ont vu des choses… Ce silence ne peut qu’entretenir les soupçons.

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La famille d’Albert Ebossé a pris connaissance du rapport d’autopsie. Quelles sont ses impressions ?

D’après le rapport d’autopsie, Ebossé aurait été frappé par au moins deux personnes. Il a tenté de se débattre, de se défendre.

Qu’on nous cache quelque chose ! La famille a vu les images de la télévision algérienne, où on voit Albert Ebossé rentrer aux vestiaires. Et ensuite, quand le drame se joue, il n’y a plus rien. Le rapport dit que le joueur aurait été frappé par au moins deux personnes. Et qu’il a tenté de se débattre, de se défendre. La thèse de la tuile lancée de loin ne tient pas. Autre élément troublant, quand le corps du défunt a été rapatrié à Douala, le médecin légiste, qui parle d’agression brutale et de poly traumatisme crânien, s’est plaint qu’il manquait une partie du corps au niveau du sternum. Cela peut signifier qu’un coup a été porté, par un couteau ou tout autre objet tranchant.

Que compte faire la famille ?

Une plainte va être déposée en Algérie. Nous allons examiner sur quelle qualification, mais ce sera pour crime, avec ou sans préméditation. Si c’est avec préméditation, ce sera alors une plainte pour assassinat. La famille d’Albert Ebossé veut connaître la vérité. Je rappelle au passage qu’aucun membre du club n’a fait le déplacement au Cameroun pour assister aux obsèques. Le club avait promis de verser à la famille d’Ebossé – qui était le père d’une petite fille âgée d’un an – les salaires du joueur jusqu’à la fin de son contrat, en juin 2015. Or, rien n’a été fait. Par ailleurs, nous allons saisir la Fifa par rapport à la JSK, qui a manqué à son obligation de sécurité.

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Comment expliquez-vous l’attitude de la JSK, de la Fédération et de la Ligue algérienne de football professionnel ?

La JSK tente de minimiser sa responsabilité, par crainte d’être sanctionnée dans le cadre des compétitions nationales ou internationales. Et les autorités du football algérien ne veulent pas trop faire de publicité à ce drame, car je rappelle que l’Algérie est candidate à l’organisation de la CAN 2017.

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La diplomatie camerounaise va-t-elle agir ?

La mort d’Ebossé a soulevé une énorme émotion au Cameroun. Nous avons rencontré le ministre de la Communication [Issa Tchiroma Bakary, NDLR ], qui est également porte-parole du gouvernement. Il a assuré à la famille du joueur qu’il allait intervenir auprès de l’ambassadeur d’Algérie au Cameroun. Quant à Issa Hayatou, le président de la CAF, il a assuré qu’un prix Ebossé serait créé lors de la CAN 2015. Nous verrons si ce sera le cas, en espérant que ce prix ne sera pas éphémère…

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>> Le rapport de l’autopsie pratiquée à Douala, le 11 septembre

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