Zimbabwe : Mugabe se range du côté des faucons de la Zanu-PF, Grace en embuscade

Lors du congrès de la Zanu-PF, Robert Mugabe a violemment chargé jeudi Joice Mujuru, vice-présidente du parti accusée de comploter contre lui. La guerre de succession est ouverte.

Robert Mugabe au congrès de la Zanu-PF, son parti, le 4 décembre 2004 à Harare. © AFP

Robert Mugabe au congrès de la Zanu-PF, son parti, le 4 décembre 2004 à Harare. © AFP

Publié le 5 décembre 2014 Lecture : 2 minutes.

Robert Mugabe n’était visiblement pas de bonne humeur jeudi 4 décembre lors du congrès de son parti, la Zanu-PF. Dans le viseur du chef de l’État zimbabwéen, aux affaires depuis l’indépendance de 1980 : Joice Mujuru, la vice-présidente du parti. "Vous voyez qu’il y a des vides ici", a-t-il tonné, désignant le fauteuil de sa cible dans les travées du congrès de la Zanu-PF, qui se poursuit jusqu’à samedi à Harare en pleine guerre de succession.

Mugabe, qui aura 91 ans en février, devrait être réélu, comme l’an dernier, à la tête de son mouvement, après avoir qualifié d’"idiotes" les spéculations selon lesquelles il quitterait le pouvoir. Dès lors, la bataille se concentre sur le poste de vice-présidence du parti et la composition du bureau politique, dont Joice Mujuru, perçue comme relativement modérée, a été évincée avant le congrès, accusée de corruption et de complot en vue d’assassiner le président.

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"Des manières d’escrocs"

"Certains de nos collègues ne sont même pas venus alors qu’on ne les a pas poussés dehors. Ils ont juste décidé de leur propre chef d’être absents sans explication. Ce sont des manières d’escrocs, a lancé Robert Mugabe. S’il y a des preuves dans les affaires qui leur sont reprochées, ils seront inculpés. Quand vous l’aviez choisie, vous pensiez avoir choisi quelqu’un de bien mais regardez ses péchés. Quand on est choisi par les gens, on n’est pas choisi pour voler, mais pour faire stopper le crime. On ne devrait jamais envoyer un voleur à la chasse au voleur".

Auparavant, Robert Mugabe, connu pour son goût de la diatribe, avait exprimé ses regrets d’avoir promue Joice Mujuru vice-présidente du parti en 2004 et dénoncé une cabale. "Nous n’avons pas fait ce que nous aurions dû (…) Certains d’entre nous nous ont trahi. Vous ont trahi !, a-t-il dit. En 2004, les femmes (du parti) ont demandé que l’une d’elles soit promue. Nous avons dit ‘d’accord, c’est une manière de construire le parti’. De sorte que vous nous avez donné Joice Mujuru dont nous pensions qu’elle ferait l’affaire. Pendant des années, nous avons crû travailler ensemble pour des objectifs communs sans savoir qu’il y avait des plans en coulisse pour détruire le parti et ravir le pouvoir au président".

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Tensions

Plus divisé que jamais, le parti du chef de l’État a préparé ce congrès crucial pour dessiner l’après Mugabe par une spectaculaire purge. Rugare Gumbo, ancien ministre et porte-parole du parti suspendu le mois dernier, a été formellement exclu.

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Un dur du régime, le ministre de la Justice, Emmerson Mnangagwa, 68 ans, pourrait lui sortir vainqueur du congrès. À moins que la première Dame, Grace Mugabe, 49 ans, désignée à la surprise générale en août pour prendre la tête de la puissante ligue des femmes du parti, ne rebatte les cartes. En 2004, c’est Mnangagwa qui avait connu la disgrâce et le sort réservé aujourd’hui à Joice Mujuru. Il avait été mis sur la touche pour ambition excessive. La ZANU-PF est déchirée par une lutte de succession depuis des années, Robert Mugabe n’ayant jamais désigné de successeur.

(Avec AFP)

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