Pour les 70 ans du massacre de Thiaroye, le Cran intente deux actions contre l’État français

Une association française, le Conseil représentatif des associations noires (Cran), a annoncé jeudi avoir intenté deux actions en justice contre l’État français. Elle souhaite notamment obtenir une révision du procès d’Antoine Abibou, tirailleur condamné en 1944 pour rébellion, 70 ans après le massacre de Thiaroye, près de Dakar.

Un tirailleur sénégalais. © DR

Un tirailleur sénégalais. © DR

Publié le 27 novembre 2014 Lecture : 2 minutes.

Le Cran a annoncé jeudi 27 novembre avoir saisi la Commission de révision des condamnations pénales pour obtenir la réhabilitation de l’un des tirailleurs condamnés, suite aux événements de Thiaroye, en 1944. Le Tribunal de grande instance de Paris a par ailleurs été saisi d’une plainte pour disparition inquiétante ou meurtre, a indiqué le président du Cran, Louis-Georges Tin.

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La demande de révision concerne le procès d’Antoine Abibou, un tirailleur condamné en 1944 pour rébellion. La plainte pour disparition inquiétante vise à faire reconnaître le nombre de victimes, volontairement sous-évalué, selon le Cran.

Cette action est intentée alors que le président français doit rendre hommage dimanche aux tirailleurs, ces soldats africains de l’armée coloniale française. François Hollande doit également, en marge du sommet de la Francophonie organisé à Dakar, remettre les archives de la France sur ce dossier, conformément à un engagement pris en 2012.

Des centaines de disparus ?

Près de 1 300 tirailleurs, anciens prisonniers de guerre des Allemands et démobilisés, s’étaient mutinés pour réclamer le paiement de leurs primes et un traitement équitable par rapport à celui de leurs anciens frères d’armes français. Un bilan officiel, qui n’a jamais fait l’unanimité parmi les historiens, faisait état de 24 tirailleurs tués.

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Mais les travaux récents de l’historienne Armelle Mabon démontrent qu’il y a eu environ 300 disparus, a affirmé Louis-George Tin. "Comme les corps n’ont pas été retrouvés, il n’y a pas de prescription, a-t-il souligné. La mutinerie est une invention forgée de toutes pièces pour justifier a posteriori un massacre destiné à régler le problème de manière sommaire", a-t-il ajouté.

De son côté la Ligue française des droits de l’homme (LDH) a demandé à la France de reconnaître les faits et d’assumer ses responsabilités dans cette affaire. Soixante-dix ans après, la LDH estime que la France s’honorerait à reconnaître clairement les faits, a-t-elle affirmé dans un communiqué.

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"À l’occasion du Sommet de la francophonie, la LDH demande aux autorités françaises de rendre publics les noms des tirailleurs, de reconnaître la spoliation dont ils ont été victimes et d’exprimer les regrets officiels de la France pour la répression qui les a frappés". explique la LDH dans un communiqué. "Les autorités françaises doivent aussi s’engager au paiement aux descendants de ces tirailleurs du complément de solde dont ils ont été spoliés", ajoute le document.

(Avec AFP)

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