Bénin – Togo : dans les petites localités, le virus Ebola inquiète

Partout en Afrique de l’Ouest, les campagnes de prévention contre l’épidémie d’Ebola s’intensifient surtout dans les capitales et les grandes villes. Mais la contagion ne partant presque jamais de zones urbaines, comment s’organise la sensibilisation dans les petites localités ? Reportage au Bénin et au Togo.

Le centre de jeunes et de loisirs de Tori-Bossito. © Edmond D’Almeida.

Le centre de jeunes et de loisirs de Tori-Bossito. © Edmond D’Almeida.

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Publié le 21 novembre 2014 Lecture : 3 minutes.

Dans les grandes villes du Bénin et du Togo, la lutte contre Ebola est présente partout. Affiches, spots radios, messages à la télévision, tout est fait pour tenir la fièvre hémorragique loin des frontières des deux pays. Dans les petites communes, on s’organise comme on peut.

Tori-Bossito est l’une d’elles située à 35 km au sud-ouest de Cotonou. Dans les lieux publics comme au centre des jeunes et des loisirs, il n’y a pas d’affiches visibles pour sensibiliser sur la maladie. On pourrait penser qu’ici on ignore jusqu’à l’existence même d‘Ebola. Pourtant il n’en est rien, la maladie est connue et s’installe de plus en plus au centre des conversations. Au centre de santé de la commune, deux infirmiers expliquent qu’ils répètent régulièrement à des habitants paniqués, que la simple fièvre n’est pas synonyme d’Ebola. "Les symptômes de la maladie sont connus par la population locale et nous recevons assez souvent des personnes fiévreuses inquiètes", témoigne Marc, l’un des infirmiers. Si aucun cas n’a été signalé dans la localité, le personnel soignant profite de ces consultations pour rappeler les symptômes de la maladie et surtout les moyens de sa prévention.

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Au Togo, dans le village d’Aklakou à 46 km au sud-est de Lomé, Ebola est loin des préoccupations quotidiennes des habitants. "Il faudrait quand même une énorme malchance pour que Ebola arrive dans le pays et parvienne jusqu’à notre petite localité", explique avec humour Akossiwa, revendeuse de fruits. Mais tout le monde a d’une manière ou d’une autre, déjà entendu parler de la maladie.

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Dans les centres de santé des petites communes togolaises et béninoises, des affiches permettent d’expliquer aux populations les bonnes habitudes à adopter pour lutter contre la maladie. À Tori-Bossito, des agents des services d’hygiène font du porte à porte pour sensibiliser la population.

Les établissements scolaires s’impliquent eux aussi dans cette lutte contre le virus. "On a l’impression que chaque rentrée scolaire vient avec son lot d’épidémie. L’année dernière c’était le choléra et cette année c’est Ebola. On nous en parle presque tous les jours à l’école", témoigne Franck, un collégien à Aklakou. Certains habitants reconnaissent user des gestes de prévention contre le choléra, comme le lavage régulier des mains.

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En revanche, d’autres mesures comme l’interdiction de la consommation de viande de brousse ont du mal à passer dans les habitudes. Constant, un jeune homme de 19 ans rencontré à Tori-Bossito, reconnaît consommer "de temps en temps la viande d’agouti". Une pratique qui n’est pour le moment pas encore sanctionnée. Un des infirmiers du centre de santé estime qu’il n y a aucune urgence à punir les amateurs de viande de brousse tant qu’aucun cas n’est declaré sur le territoire béninois. “Il faut surtout mettre l’accent sur la sensibilisation”, conseille t-il.

La radio, au coeur de la prévention

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Une mission en partie dévolue aux medias. Les radios communautaires jouent un rôle très important dans le dispositif de prévention de l’épidémie dans les villages. Plusieurs personnes rencontrées dans les deux localités, au Togo et au Bénin, reconnaissent sans détours le rôle capital joué par ces médias. "Presque toutes les affiches sont réalisées en français. Mais les radios de proximités organisent des émissions dans nos dialectes locaux au sujet d’Ebola, et cela permet à une grande majorité de villageois de prendre conscience du risque", confie Akoua Akakpo commerçante au marché d’Aklakou. Si l’épidémie ne crée donc pas de psychose dans les petites localités, la vigilance s’accroît.

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