Oscar Pistorius sera-t-il à nouveau jugé en 2015 ?

Le parquet sud-africain a fait appel mardi de la récente condamnation d’Oscar Pistorius à cinq ans d’emprisonnement pour avoir tué sa petite amie, Reeva Steenkamp. Le point sur l’éventualité d’un nouveau procès en trois questions-réponses.

Oscar Pistorius après l’annonce de son verdict au tribunal à Pretoria, le 21 octobre 2014. © Themba Hadebe/AFP

Oscar Pistorius après l’annonce de son verdict au tribunal à Pretoria, le 21 octobre 2014. © Themba Hadebe/AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 4 novembre 2014 Lecture : 3 minutes.

Condamné à cinq ans de prison le 21 octobre à l’issue d’un procès ultra médiatisé de huit mois, Oscar Pistorius pourrait être libéré sous contrôle judiciaire au bout de dix mois. Une éventualité jugée intolérable par une grande partie de l’opinion sud-africaine, dont la famille de la victime, Reeva Steenkamp, mais aussi par le parquet qui avait annoncé sa volonté d’interjeter appel dès le 27 octobre.

Mardi 4 novembre, c’est désormais chose faite. Le champion handisport de 27 ans, sextuple médaillé d’or, qui a d’ores et déjà commencé à purger sa peine dans une aile médicalisée de la prison centrale de Pretoria, sera-t-il à nouveau jugé ? Sur quelles bases ? D’ici combien de temps ? Selon quelles modalités ? Réponse en trois points.

  • Quels sont les arguments du ministère public pour faire appel ?
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"La condamnation à cinq ans d’emprisonnement (…) est choquante de légèreté, inappropriée et n’aurait jamais été prononcée par un tribunal raisonnable", a indiqué mardi le ministère public dans sa demande de révision du procès communiquée à la presse. Les arguments avancés sont partagés par une grande partie du monde judiciaire sud-africain.
La juge Thokozile Masipa a estimé que Pistorius ne s’était pas rendu coupable de meurtre mais seulement d’imprudence – et donc d’homicide involontaire. Pour elle, le sportif n’avait pas conscience, au moment de tirer, qu’il pouvait donner la mort. Or c’est une appréciation difficilement compréhensible, comme le montrent les attendus quelque peu contradictoires du verdict rendu le 12 septembre. En effet, la juge a bien reconnu que Pistorius "savait que les toilettes étaient un espace réduit et qu’il n’y avait aucun moyen de s’échapper pour la personne derrière la porte".

La juge avait bien reconnu que Pistorius "savait que les toilettes étaient un espace réduit et qu’il n’y avait aucun moyen de s’échapper pour la personne derrière la porte."

Par ailleurs, le ministère public rappelle également que la juge a admis que "l’identité de la victime n’entrait pas en ligne de compte pour établir le degré de responsabilité pénale". Et que Pistorius, selon sa propre version, a réalisé qu’une balle pouvait richocher et le tuer lui-même puisqu’il se tenait à cinq mètres de la cible. Et de conclure : "La condamnation est choquante et inappropriée pour un accusé qui s’est armé, avec l’intention de tirer, a marché jusqu’à la salle de bains et fait feu quatre fois en sachant qu’un être humain était derrière la porte des toilettes". Pour le parquet, il est donc évident que Pistorius devait être condamné pour meurtre.

  • Quelle procédure pour un nouveau procès ?

"Le parquet doit d’abord aller voir la juge et lui demander si elle autorise l’appel. Si elle est sûre de son jugement, il n’y a pas de raison qu’elle refuse", explique Elna Moolman, une avocate de Johannesburg.

"Cela part ensuite chez trois juges [voire cinq, NDLR] qui auront à décider sur la base des documents et de plaidoiries supplémentaires. Ils demanderont au parquet ‘pourquoi dîtes-vous que la juge se trompe, venez-nous expliquez çà’ et le procureur viendra s’exprimer, ainsi que la défense", a-t-elle poursuivi. En clair, jusqu’à six mois, voire davantage, peuvent désormais s’écouler jusqu’à la révision du procès. Mais celui-ci ne devrait pas ressembler à celui, surmédiatisé, qui l’a précédé. Il se jouera principalement par écrit et ne nécessitera que quelques audiences.

  • Quel rôle joue la famille de Reeva Stenkamp ?
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La famille de Reeva Steenkam n’a pas d’influence directe sur la procédure judiciaire en cours. Mais elle n’hésite pas à se servir des médias pour faire pression sur les institutions sud-africaines et accréditer la thèse du meurtre, voire de l’assassinat ou du crime passionnel. Double amputé et équipé de prothèses pour courir, Pistorius a toujours affirmé avoir ouvert le feu par erreur sur la porte fermée des WC pour neutraliser ce qu’il croyait être un cambrioleur, après avoir entendu un bruit suspect.

Plaidant non coupable, il a aussi clamé qu’il était amoureux de la victime, une mannequin de 29 ans. Une version contre laquelle la mère de Reeva Steenkamp, en particulier, est partie en guerre. Dans un livre qu’elle a écrit et qui sort jeudi en Grande-Bretagne, elle affirme notamment que "ça a été la malchance de Reeva de le rencontrer (Pistorius), parce que tôt ou tard, il allait tuer quelqu’un."

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"Elle m’avait confié qu’elle n’avait pas couché avec lui. Ils partageaient le même lit mais elle avait peur de porter leur relation à ce niveau… Elle n’aurait pas voulu coucher avec Oscar si elle n’était pas sûre. Je pense que leur relation était en train de se terminer. Au fond de son cœur, elle ne pensait pas que celle-ci rendait l’un ou l’autre heureux", écrit-elle encore.

(Avec AFP)

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