Tunisie : Nida Tounes en tête des législatives, le paysage politique recomposé

Les Tunisiens ont voté dimanche pour les législatives. Au terme d’un scrutin qui s’est déroulé dans le calme, c’est sur le parti Nida Tounes que s’est porté leur choix. Les autres partis ont reconnu cette victoire – une nouvelle étape de franchie dans la vie démocratique du pays.

Des agents électoraux procèdent au comptage des bulletins de vote des élections législatives. © AFP

Des agents électoraux procèdent au comptage des bulletins de vote des élections législatives. © AFP

Publié le 28 octobre 2014 Lecture : 3 minutes.

Le dépouillement des bulletins est toujours en cours mais l’Instance indépendante supérieure des élections (Isie) a confirmé le 27 au soir, les tendances données au sortir des urnes. Avec une mobilisation de près de 61 % du corps électoral, le nouveau Parlement sera plus représentatif de la volonté des Tunisiens que l’Assemblée nationale constituante de 2011 dont l’élection avait été marquée un éparpillement des voix.

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Le leader historique d’Ennahda, Rached Ghannouchi, a félicité le président de Nida Tounes, Béji Caïd Essebsi, pour sa victoire, a indiqué sur son compte Twitter sa fille, Soumaya Ghannouchi, en publiant une photo de son père au téléphone. Le parti islamiste avait déjà admis être, selon ses propres premières estimations, distancé par Nida Tounes, son porte-parole Zied Laadhari affirmant à l’AFP que l’écart entre les deux formations était d’une douzaine de sièges.

"Nous les félicitons et nous n’avons aucun problème avec cela", a-t-il aussi dit à la radio privée Mosaïque FM.

Les Tunisiens ont compris la leçon et ont voté malgré des hésitations et des incertitudes jusqu’à la dernière minute. Le paysage politique a été recomposé, les équilibres revus. Désormais le parti islamiste d’Ennahdha est toujours une formation qui compte mais elle ne pourra pas conduire le pays. Elle ne recueille que les voix de sa base et n’a pas bénéficié comme en 2011 des effets du vote sanction contre la corruption et l’ancien régime exprimé en en 2011.Trois ans après la révolution, les urnes rejettent donc le projet islamiste et sanctionne la gestion approximative du pays de la troïka gouvernementale. Les alliés d’Ennahdha de 2012, le Congrès pour la République et Ettakatol en font eux aussi lourdement les frais.

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Une alliance entre Nida Tounes et Ennahdha ?

Nida Tounes, gagnant incontesté de ces législatives devra pour gouverner s’assurer d’alliances et n’exclut pas d’opérer avec Ennahdha. Un accord entre les deux anciens frères ennemis serait une première en Tunisie sans être une contradiction : les deux formations affichent en effet une tendance libérale et une position à droite. Leur réelle séparation se trouve sur le plan idéologique et sur l’approche séculariste de l’État.

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Une question demeure, de quel côté se rangera l’Union patriotique libre conduite par le mystérieux Slim Riahi ? Avec 17 sièges, quelles seront les conditions que voudra imposer la troisième formation du pays dont le programme reste obscur ?

Beaucoup déplorent par ailleurs l’échec du parti Al Massar et de l’Union pour la Tunisie (UPT). La mobilisation et la détermination de leurs députés à la Constituante avait été essentielle pour inscrire les droits et libertés les plus larges dans la loi fondamentale. Mais tous les partis mis hors course reconnaissent qu’il leur faut établir un diagnostic de leur défaillance électorale.

Scrutin sans violences

Dans la rue, c’est d’abord le soulagement qui prime. Et pour cause, les partis ont reconnu leur victoire ou leur défaite sans aucune virulence ou menace. La tension baisse et la bourse repart, autant de signes positifs pour un pays qui a besoin de relancer son économie.

La prochaine étape de cette nouvelle vie démocratique du pays sera la présidentielle du 26 novembre. Sauf victoire à la majorité absolue au premier tour, il faudra sans doute attendre le second tour, le 28 décembre, pour que le président élu appelle le groupe majoritaire à l’Assemblée à former gouvernement. En effet, selon les lois qui régissent le pouvoir transitoire, la tenue des législatives met fin immédiatement au mandat de président de la République, Mohamed Moncef Marzouki, et c’est au nouveau président qu’il incombe d’adouber le parti majoritaire pour désigner un chef de gouvernement.

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