France : les ressortissants tunisiens de France votent pour les législatives

Les ressortissants tunisiens de France se sont présentés aux urnes vendredi afin d’élire dix députés de l’Assemblée du peuple à l’occasion des élections législatives qui auront lieu dimanche 26 octobre en Tunisie. Mais certains électeurs, ne pouvant voter à Paris, ont montré leur mécontentement.

Un électeur se prend en photo devant le consulat, après avoir voté à Paris. © Emeline Wuilbercq pour J.A.

Un électeur se prend en photo devant le consulat, après avoir voté à Paris. © Emeline Wuilbercq pour J.A.

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Publié le 24 octobre 2014 Lecture : 3 minutes.

À quelques pas du consulat général de Tunisie à Paris, May Khalifa sourit en levant son index violet. “Je veux sensibiliser mes proches afin qu’ils comprennent l’intérêt d’aller voter”, glisse le professeur d’informatique en publiant directement la photographie prise avec son smartphone sur les réseaux sociaux. À l’occasion des deuxièmes élections législatives libres organisées depuis la révolution de 2011, plusieurs dizaines de ressortissants tunisiens – qui sont entre 500 000 et 600 000 en France – ont fait le déplacement, vendredi 24 octobre, dans le bureau de vote du 16e arrondissement de Paris.

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Les électeurs des circonscriptions étrangères ont commencé à voter deux journées avant le scrutin tunisien qui aura lieu le 26 octobre. Sur les 217 députés qui composeront l’Assemblée du peuple, 18 sont élus en dehors de la Tunisie, dont 10 en France. En 2011, le taux de participation à l’étranger avait presque atteint 30 % – soit plus de 200 000 votants dont 120 000 en France, où le scrutin s’était soldé par une large victoire d’Ennahdha qui avait remporté quatre sièges.

Mais cette année, “nous pouvons nous attendre à une participation plus faible des Tunisiens pour ce scrutin, compte tenu des espoirs déçus face à l’échec du gouvernement, explique Kamel Jendoubi, ancien président de l’Instance supérieure indépendante des élections (Isie), venu voter dans le bureau du 16e arrondissement. Les électeurs écoutent également le discours nihiliste des partisans de l’ancien système qui font rimer révolution avec chaos et désordre, et veulent mettre à mal le processus de démocratisation."

Ressentiment

Pendant que certains entrent et sortent en un éclair du consulat, le doigt coloré et le sentiment du devoir accompli, d’autres haussent le ton. Ils sont nombreux à ne pas avoir pu voter à cause d’un problème d’inscription sur les listes électorales. Le ressentiment est palpable. “Pourquoi nous tendent-ils des obstacles ? Ils ne veulent pas que nous votions ?”, s’interroge une dame d’une cinquantaine d’années. Les électeurs refoulés n’hésitent pas à mettre en cause l’impartialité d’organisateurs "politisés" qui auraient “intérêt à les empêcher de voter”, selon un retraité.  “Notre vote est confisqué”, s’indigne une dame. “Pays de magouilles”, crie un autre électeur, furieux.

Nous sommes nombreux à vouloir voter mais ces défaillances vont sans doute calmer les ardeurs.

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En 2011, les ressortissants tunisiens de France avaient pu voter sans être inscrits sur les listes électorales. Mais, depuis 2014, une mesure électorale stipule que chacun doit être volontairement inscrit dans le bureau de vote où il va voter, sinon, il ne peut exercer son droit. Mal informés, ils sont nombreux ce vendredi à être repartis bredouille. Il y a quelques jours, l’Association tunisienne pour l’intégrité et la démocratie des élections (Atide) avait déploré dans un communiqué de “graves défaillances et infractions administratives” dans la majorité des circonscriptions étrangères.

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“Nous devons appliquer la loi électorale de 2014, indépendamment des humeurs et de la frustration des électeurs, juge Mohamed Krir, président de l’Instance régionale indépendante pour les élections (Irie) de la circonscription France 1. Le problème est l’incompréhension des votants." Un peu à l’écart, Mehdi Karoui, fraîchement diplômé, n’a pas pu voter. Il y a trois mois, il s’était inscrit au bureau de vote de Lyon avant de déménager dans la capitale française. “Nous sommes nombreux à vouloir voter mais ces défaillances vont sans doute calmer les ardeurs”, pressent-il, un brin déçu, avant de tourner les talons, sans avoir pu faire entendre sa voix.
 
Il n’y a pas qu’en France que des dysfonctionnements ont été observés. À Dubaï, la tête de liste de Nidaa Tounes dans la circonscription des pays arabes, Raouf El May, a été dans un premier temps interdit de voter dans le bureau du consulat au motif qu’il n’était pas inscrit sur les listes électorales… alors qu’il est candidat. En Belgique et au Koweit, des diplomates en poste n’ont pas pu glisser leur bulletin dans l’urne non plus, n’ayant pas trouvé leur nom sur le registre.
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Emeline Wuilbercq

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