Mozambique : la Renamo rejette les résultats partiels des élections présidentielle et législatives

Au vu des résultats très partiels des élections présidentielle et législatives du 15 octobre, la Renamo a annoncé jeudi qu’elle ne reconnaîtrait pas la victoire du candidat du Frelimo, parti au pouvoir depuis 39 ans. Une décision du principal parti d’opposition qui plonge le pays une nouvelle fois dans l’incertitude.

Les candidats Afonso Dhlakama (Renamo) et Filipe Nyusi (Frelimo). © AFP/Montage J.A.

Les candidats Afonso Dhlakama (Renamo) et Filipe Nyusi (Frelimo). © AFP/Montage J.A.

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 17 octobre 2014 Lecture : 3 minutes.

De nouvelles violences en perspective au pays de Samora Machel, déjà martyrisé par 16 ans de guerre civile (1976-2002) ? Le parti de la Résistance nationale mozambicaine (Renamo, opposition) a annoncé jeudi 16 octobre qu’il rejetait les résultats, encore partiels, des élections présidentielle et législatives de mercredi. Ces derniers donnent Filipe Nyusi, le candidat du Front de libération du Mozambique (Frelimo), en tête avec 63,02% des voix. Un score très loin des 75% engrangés par son prédécesseur Armando Guebuza à la présidentielle de 2009, mais qui permet au parti au pouvoir depuis 39 ans d’éviter un second tour dangereux tant les meetings de l’opposition ont montré un fort soutien populaire pendant la campagne.

L’ex-guérillero Afonso Dhlakama, crédité de 29,42%, arriverait second, devant Daviz Simango (7,56%), maire de Beira et candidat du Mouvement démocratique du Mozambqiue. "Nous n’acceptons pas le résultat de ces élections (…) Nous pouvons dire catégoriquement que nous avons gagné ces élections", a déclaré le porte-parole de la Renamo Antonio Muchanga. "Ce n’est pas une question de victoire ou de défaite, mais de transparence", a-t-il assuré, sans plus d’explication.

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Plateforme de surveillance internet

Seule certitude : la Renamo accuse le Frelimo d’avoir à nouveau fraudé aux élections. Mais selon les observateurs internationaux, le scrutin s’est déroulé dans le calme, sans incidents majeurs. "Nous avons noté quelques irrégularités, mais je dirais que dans l’ensemble, jusqu’au moment de la clôture, cela s’est bien passé", a déclaré jeudi la responsable des observateurs de l’Union européenne, Judith Sargentini.

Mais les missions d’observateurs internationaux ont toujours été accusées par l’opposition de complaisance vis-à-vis des autorités, les organisations des droits de l’homme soulignant les nombreuses fraudes organisées par le pouvoir à chaque scrutin. Cette année, des blogueurs et des membres de la société civile ont d’ailleurs décidé de s’impliquer davantage dans les élections en mettant en place "Txeka", une plateforme internet de surveillance du scrutin sur le modèle kényan d’Ushahidi. Mais les soupçons de fraude portent aussi sur la centralisation électronique du décompte des suffrages…

Incidents épars

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Au final, seuls quelques incidents ont été signalés dans la soirée de mercredi. À Nampula (nord), des policiers anti-émeute ont dispersé une foule qui s’était rassemblée près d’un bureau de vote pour vérifier le dépouillement, a affirmé le représentant dans la région du MDM, Elias Nquiri (opposition). Par ailleurs, "un jeune homme a reçu une balle dans le pied alors qu’il tentait d’empêcher un responsable du Frelimo de bourrer les urnes", dans la province centrale de Sofala, a indiqué le porte-parole du MDM Sandes Carmona. Un porte-parole de la commission électorale nationale, Paulo Cuinica, a quant à lui déclaré : "il y a eu quelques incidents ici et là, mais d’une manière générale la situation est sous contrôle".

Le scrutin avait pourtant pu être organisé grâce à un accord de paix signé in extremis en septembre entre l’État et la Renamo, dont le chef Afonso Dhlakama avait pris le maquis fin 2012, orchestrant une guérilla larvée qui a fait des dizaines de morts pendant deux ans. Ancienne guérilla toujours en possession de ses armes, la Renamo a les moyens de déstabiliser le pays, qui commence à exploiter ses immenses richesses gazières récemment découvertes.

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De fait, la situation au Mozambique est scrutée par les investisseurs internationaux. Les réserves gazières du pays pourraient propulser le Mozambique au quatrième rang mondial de la production gazière si elles sont commercialement viables.

(Avec AFP)

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