RDC : Kinshasa veut expulser le responsable des droits de l’homme de l’ONU

Kinshasa a demandé jeudi le rappel de Scott Campbell, chef du bureau de l’ONU pour les droits de l’homme en RDC, au lendemain de la publication d’un rapport de ses services dénonçant des crimes commis par des policiers congolais.

Le ministre congolais de l’Intérieur, Richard Muyej (g), le 4 décembre 2012 à Goma. © AFP

Le ministre congolais de l’Intérieur, Richard Muyej (g), le 4 décembre 2012 à Goma. © AFP

Publié le 17 octobre 2014 Lecture : 3 minutes.

Entre les autorités congolaises et Scott Campbell, chef du bureau de l’ONU pour les droits de l’Homme en République démocratique du Congo (RDC), le divorce est consommé. "Le moment est sans doute venu de nous séparer de lui et de demander au Secrétaire général des Nations unies de le retirer de notre pays pour manque de professionnalisme et d’honnêteté", a déclaré jeudi 16 octobre le ministre de l’Intérieur, Richard Muyej, lors d’une conférence de presse à Kinshasa.

Richard Muyej a reproché également à Scott Campbell "ses prises de positions partisanes, de nature à compromettre la stabilité des institutions". "Nous estimons que M. Scott Campbell remplit désormais les conditions requises pour être déclaré persona non grata", a ajouté le ministre.

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Le bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’Homme (BCNUDH) que dirige Scott Campbell à Kinshasa a publié mercredi un "rapport sur les violations des droits de l’Homme commises par des agents de la police nationale congolaise" lors d’un grande opération antibanditisme dans la capitale congolaise entre novembre 2013 et février. Dans ce document, l’équipe onusienne dénonce la mort ou la disparition de plusieurs dizaines de civils pendant cette opération baptisée "Likofi" ("coup de poing" en lingala). "L’opération ‘Likofi’ a fait au moins 41 victimes", neuf d’"exécutions sommaires" et 32 de "disparitions forcées", mais le nombre des victimes des violences policières pourrait être bien plus élevé, peut-on lire dans ce rapport. "Jamais rapport ne donna une information aussi malveillante que mensongère", a rétorqué Richard Muyej.

Des agents de police cagoulés

Scott Campbell, à la tête du BCNUDH depuis septembre 2011, a indiqué qu’il n’avait "aucun commentaire" à faire. La Mission de l’ONU en RDC (Monusco) n’a pas souhaité s’exprimer non plus.

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Le rapport du BCNUDH affirme que la majorité des victimes d’exécutions sommaires ont été abattues "dans leur quartier, parfois à la sortie de leur domicile" par des agents de la police cagoulés. Il relève un modus operandi similaire pour nombre d’enlèvements ayant conduit à des disparitions forcées. L’ONU a indiqué également avoir obtenu des informations de sources concordantes sur "l’implication d’un haut-gradé de la police de Kinshasa et de plusieurs officiers de police" dans les crimes qu’elle a identifiés, et a demandé aux autorités congolaises de "mener des enquêtes promptes, indépendantes, crédibles et impartiales" et de "traduire en justice tous les auteurs présumés de ces violations, quel que soit leur rang".

Enquête interne en cours

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En réponse aux éléments présentés par l’équipe de Scott Campbell, Richard Muyej a déclaré que "le personnel de l’opération Likofi n’agissait pas en cagoule". Le ministre a également communiqué la liste d’une trentaine de membres de la police condamnés pour leurs comportements dans l’opération Likofi, dont cinq pour meurtre ou homicide involontaire, et 2 pour enlèvement ou détention arbitraire.

De son côté, le général Gaston Luzembo, commissaire général adjoint de la police congolaise, a indiqué mercredi qu’une instruction était encore "en cours à l’inspection générale de la police" sur l’opération Likofi.

Scott Campbell s’était déjà attiré les foudres des autorités congolaises après la publication, en avril, d’un rapport onusien regrettant qu’en dépit de progrès dans la lutte contre les violences sexuelles en RDC, "la plupart" d’entre elles ne faisaient jamais l’objet d’enquêtes ou de poursuites. Et le 9 octobre, son bureau avait demandé aux autorités de Kinshasa de mener des "enquêtes judiciaires approfondies" sur un certain nombre de "crimes" commis par les ex-rebelles du Mouvement du 23 Mars (M23) dans l’Est de la République démocratique du Congo entre avril 2012 et novembre 2013.

(Avec AFP)

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