Sida : démarrage difficile pour l’usine publique d’antirétroviraux au Mozambique

En 2012, les gouvernements mozambicain et brésilien inauguraient en grande pompe la première industrie pharmaceutique publique d’Afrique. Deux ans après, la production de médicaments antirétroviraux (ARV) « made in Mozambique » n’est pas encore opérationnelle. Que s’est-il passé ?

L’usine d’antirétroviraux au Mozambique est un projet phare de la coopération brésilienne. © Adrien Barbier / J.A.

L’usine d’antirétroviraux au Mozambique est un projet phare de la coopération brésilienne. © Adrien Barbier / J.A.

Publié le 14 octobre 2014 Lecture : 2 minutes.

Immobiles : la quasi-totalité des machines dernier cri qui garnissent les locaux de la Société mozambicaine de médicaments (SMM), inaugurés en 2012 en banlieue de Maputo, ne bougeaient pas d’un iota, fin septembre. En cause, un épuisement des stocks d’intrants lié au blocage par les douanes du pays des matériaux provenant du Brésil et nécessaires au démarrage de la production.

Initié en 2003 lors d’une visite du président Lula, ce projet phare de la coopération brésilienne s’appuie sur l’expérience dans la lutte contre le sida du géant sud-américain, qui affiche un très faible taux de prévalence au virus. L’objectif est de répliquer au Mozambique leur modèle de production et de diffusion d’ARV : l’usine publique produit des médicaments génériques, vendus exclusivement au ministère de la santé, qui ensuite les redistribue gratuitement à travers le pays, où le taux de prévalence du VIH chez les adultes (15-49 ans) était estimé par l’Onusida à 11,1 % en 2012.

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À terme, outre de réduire la dépendance du Mozambique à l’égard de la communauté internationale, la SMM ambitionne d’obtenir les certifications internationales délivrées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui permettrait à l’usine d’exporter dans la sous-région.

Transfert de technologie

La fabrique n’est pas à l’arrêt, nous continuons à travailler", rassure Licia de Oliveira, de la Fondation Oswaldo Cruz (Fiocruz), qui coordonne le projet pour la partie brésilienne. Selon les termes de ce partenariat sud-sud signé en 2008, le Brésil gère le transfert de technologie, la formation des personnels et l’achat des machines, tandis que le Mozambique fournit les locaux, finance les travaux de rénovation, et couvre les charges de fonctionnement.

Jusqu’à présent, seules les lignes d’emballage ont été mises en route, ainsi que le contrôle de la qualité. L’antirétroviral Névirapine – produit au Brésil mais emballé au Mozambique – est donc le premier médicament à être sorti de l’usine cette année. D’après la Fiocruz, les lignes de productions devraient être lancées prochainement, dès que les matériaux sortiront de la douane.

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"Le dédouanement et le transport des matériaux depuis le port de Maputo sont à la charge du gouvernement mozambicain", explique De Oliveira. Un changement de système informatique serait à l’origine du blocage des matériaux depuis deux mois, et le contexte de l’élection présidentielle ne permettrait pas d’accélérer les choses.

 Modification de la production

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Autre difficulté en vue, la SMM pourrait être contrainte de délayer sa production d’ARV, pour se concentrer sur celles d’autres génériques. "Sur les recommandations de l’OMS, le gouvernement a modifié la liste des antirétroviraux acceptés dans le pays", explique José Luis Telles, directeur Afrique de la Fiocruz. La fabrique doit donc adapter ses lignes de productions et, surtout, obtenir de nouvelles autorisations. Un processus qui pourrait prendre jusqu’à trois ans.

"Nous, les Brésiliens, sommes nouveaux dans la coopération. Nous avons eu beaucoup à apprendre", conclut Licia de Oliveira. D’ici la fin de l’année, l’accord de partenariat entre les gouvernements devrait être renouvelé pour une durée de trois ans. Un laps de temps que la coordinatrice brésilienne estime suffisant pour parachever la formation des personnels et pouvoir envisager la viabilité à long terme de l’entreprise.

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