Ebola : le plan d’Obama en six questions

Barack Obama a annoncé mardi soir le déploiement de 3 000 militaires américains en Afrique de l’Ouest pour lutter contre la propagation d’Ebola. Point par point, voici ce que prévoit Washington pour stopper le virus tueur.

Barack Obama a dévoilé le plan américain anti-Ebola le 16 septembre à Atlanta. © AFP

Barack Obama a dévoilé le plan américain anti-Ebola le 16 septembre à Atlanta. © AFP

Publié le 17 septembre 2014 Lecture : 3 minutes.

Barack Obama a annoncé, mardi 16 septembre, depuis le Centre de contrôle et de prévention des maladies (CDC), à Atlanta, le lancement de l’opération humanitaire "United assistance", destinée à stopper la propagation d’Ebola en Afrique de l’Ouest. Celle-ci repose principalement sur l’envoi de 3 000 militaires américains dans les trois pays les plus touchés par la propagation du virus de fièvre hémorragique : le Liberia, la Guinée, et le Sierra Leone.

Ces soldats vont notamment être affectés à la construction de 17 centres de traitement – dotés de 100 lits chacun – dans les zones les plus touchées. Un vaste institut de formation va également être mis en place, où des médecins militaires américains devraient former 500 travailleurs sanitaires par semaine pendant au moins six mois. Enfin, une base de commandement régional, qui assura la coordination des opérations, sera installée à Monrovia, la capitale du Liberia. Celle-ci sera dirigée par un général de l’Africom, le commandement militaire américain pour l’Afrique.

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Lors de son allocution, le président Obama a également dévoilé la création d’un pont aérien "pour acheminer le personnel sanitaire et le matériel plus rapidement vers l’Afrique de l’Ouest", ainsi qu’une base intermédiaire au Sénégal pour "aider à distribuer l’aide sur le terrain plus rapidement".

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  • Dans quels pays seront déployés les militaires américains ?

S’ils devraient aussi concerner le Sierra Leone et la Guinée, l’essentiel des efforts américains seront concentrés au Liberia. Ce pays, fondé au début du XIXe siècle par des descendants d’esclaves noirs, a toujours gardé des liens étroits avec les États-Unis. Il est aussi celui où la situation sanitaire est devenue totalement hors-de-contrôle. La semaine dernière, les autorités libériennes ont officiellement appelé Washington à l’aide, poussant l’administration Obama à agir face à la propagation d’Ebola.

  • Quelles seront leurs missions ?

Dans sa "fact sheet" (note de présentation) distribuée à la presse, la Maison Blanche affirme que les objectifs de l’opération américaine contre Ebola reposent sur quatre grands axes – plutôt flous :

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–   "Confiner l’épidémie à sa source, en Afrique de l’Ouest"
–   "Atténuer les effets politiques, économiques, et sociaux collatéraux dans la région"
–   "Engager et coordonner une coopération mondiale plus large"
–   "Renforcer les infrastructures sanitaires régionales"

  • Pendant combien de temps ?

Difficile de prédire la durée de cette opération. À part un délai minimal de six mois, les responsables américains n’ont fourni aucun détail sur le calendrier prévisionnel, qui sera très probablement adapté aux résultats de la lutte contre la propagation du virus.

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Le calendrier du déploiement des militaires américains n’est, lui, guère plus précis. "Il n’y aura pas de déploiement dans les prochains jours, a ainsi affirmé un responsable du Pentagone à l’AFP. Les soldats doivent être correctement entraînés et équipés".

  • Quel sera le coût de l’opération ?

D’après des dirigeants américains interrogés par Reuters, le ministère de la Défense aurait demandé de débloquer une enveloppe de 500 millions de dollars sur l’exercice budgétaire 2014 pour financer cette mission humanitaire.

Washington avait déjà annoncé une aide 175 millions de dollars pour financer la lutte contre Ebola. Cette semaine, l’administration Obama devrait par ailleurs demander au Congrès le déblocage de 88 millions de dollars supplémentaires. Sur cette somme, 30 millions seront consacrés à l’envoi de matériel et d’experts sur le terrain. Les 58 millions restants serviront au développement accéléré de traitements et de vaccins, notamment celui du sérum ZMapp.

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  • Pourquoi Obama a-t-il décidé de passer la vitesse supérieure ?

L’administration Obama a subi récemment plusieurs critiques, aussi bien internes qu’internationales, sur son manque d’engagement dans la luttre contre le virus Ebola. Mais au-delà de ces reproches, c’est surtout la progression exponentielle de l’épidémie en Afrique de l’Ouest qui a poussé les États-Unis à agir. L’ONU table aujourd’hui sur 20 000 personnes infectées d’ici à la fin de l’année : 16% en Guinée, 40% au Liberia et 34% en Sierra Leone. Les experts espèrent que les contaminations vont diminuer avant la fin de l’année, puis cesser avant la mi-2015.

"C’est une épidémie qui n’est pas seulement une menace pour la sécurité régionale, c’est une menace potentielle pour la sécurité mondiale si ces pays s’effondrent, si leurs économies implosent, si les gens paniquent…", a averti Barack Obama lors de son discours. Dans sa "fact sheet", la Maison Blanche décrit elle la crise humanitaire causée par Ebola comme une "priorité de premier ordre pour la sécurité nationale des États-Unis".

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Benjamin Roger 

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