Youssouf Bakayoko : en 2010, « les membres de la CEI n’ont pas tiré sur les Ivoiriens »

Les principaux partis de l’opposition ivoirienne ont décidé le 9 septembre de suspendre leur participation aux travaux de la Commission électorale indépendante (CEI), dénonçant la réélection de son président, Youssouf Bakayoko. Ce dernier réagit pour « Jeune Afrique ».

L’ancien ministre des Affaire étrangères, Youssouf Bakayoko. © AFP

L’ancien ministre des Affaire étrangères, Youssouf Bakayoko. © AFP

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Publié le 12 septembre 2014 Lecture : 3 minutes.

Jeune Afrique : Avez-vous été surpris par la décision de plusieurs partis de l’opposition de suspendre leur participation aux travaux de la CEI ?

Youssouf Bakayoko : Le plus important est qu’ils n’ont pas démissionné et demandent à revoir le gouvernement pour poursuivre les négociations. C’est regrettable, mais je pense qu’ils vont revenir à la raison parce que le travail à faire engage tout le monde.

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Votre personne semble cristalliser le mécontentement de l’opposition…

Ce sont des prétextes, il ne s’agit pas de moi. Le problème est lié aux résultats des dernières élections. Mais, ces résultats, je ne les ai pas fabriqués, ils émanent du vote des électeurs, et je n’ai fait que les rendre publics. Je n’ai pas un mystérieux pouvoir qui me permet de diriger les électeurs dans un sens ou dans l’autre. D’ailleurs beaucoup m’ont dit que ce n’est pas à moi qu’ils en veulent, mais que leur décision est une forme de contestation ou d’inacceptation des résultats de 2010 (élection présidentielle de 2010, NDLR).

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Comprenez-vous, tout de même, que, votre institution ayant été au cœur du litige électoral, il aurait été plus judicieux, pour tourner la page, de mettre une nouvelle personnalité à sa tête ?

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Peu importe qui est à la tête de la commission électorale. Car cette personne ne pourra que rendre compte du vote des électeurs. Les membres de la CEI n’ont pas tiré sur les Ivoiriens. 

Certains avancent que cela aurait permis de rassurer une partie des électeurs…

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La question n’est pas de rassurer certains électeurs, mais tous les électeurs. La question n’est pas de savoir s’il faut contenter celui qui n’a pas gagné, mais de savoir si on reste fidèle au serment que l’on a prêté : ne pas être sous l’emprise de Pierre ou de Paul. Une fois que l’on est devenu membre de la commission électorale, on ne doit plus se réclamer de tel ou tel groupement, être son représentant.

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Que répondez-vous à ceux qui estiment que la composition de la CEI est déséquilibrée ?

Que ce n’est pas vrai. Je ne sais pas ce qu’on appelle déséquilibré. On retrouve dans le bureau la majorité, l’opposition, la société civile. Les sensibilités retenues par la loi sont représentées. On ne peut donc pas parler de déséquilibre. 

Vous estimez donc que l’opposition n’est pas en minorité ?

Je ne sais pas à quel moment, il faudrait que l’on inverse la représentation de l’opposition dans le bureau. Le travail de la CEI se fait collectivement. L’opposition est présente dans le bureau de la CEI. Le bureau soumet ses propositions à la commission centrale qui les adopte. Depuis que je suis ici, nous avons toujours agi dans la recherche du consensus. C’est ce qui s’est passé en 2010. 

La commission doit-elle travailler différemment pour éviter un nouveau litige ?

Il faut toujours améliorer la façon dont nous travaillons. Mais, ce qui s’est passé en 2010 ne résulte pas d’une inorganisation de la commission, ni d’un pouvoir quelconque dont elle disposerait. Les bases de l’accord fait en Côte d’Ivoire indiquaient clairement que les résultats devaient être certifiés par les Nations unies. C’est ce que l’ONU a fait comme l’ensemble de la communauté internationale. Cela implique que notre travail a répondu aux normes démocratiques. La commission va continuer à faire son travail conformément aux règles en vigueur partout où l’on parle de démocratie.

Vous faut-il plus de moyens pour remplir votre mission ?

Nous avons eu les moyens nécessaires la dernière fois. Nous espérons que ce sera encore le cas.

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Par Vincent DUHEM

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