Jean-Claude Muyambo : « Pourquoi nous disons non à la révision constitutionnelle » en RDC

Si Joseph Kabila ne s’est toujours pas prononcé sur sa candidature en 2016, ce n’est pas le cas des partis de sa famille politique, désormais divisés entre ceux qui souhaitent le voir rempiler et ceux qui lui conseillent de ne pas y aller, à l’instar de Jean-Claude Muyambo. Ce dernier s’explique à « Jeune Afrique ». Interview

Jean-Claude Muyambo, membre de la majorité au pouvoir en RDC. © DR

Jean-Claude Muyambo, membre de la majorité au pouvoir en RDC. © DR

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Publié le 3 septembre 2014 Lecture : 3 minutes.

C’est la cacophonie au sein de la majorité au pouvoir en RDC. L’éventuelle révision constitutionnelle pour permettre au président Joseph Kabila de briguer un troisième mandat en 2016 divise de plus en plus ses lieutenants. Après le Mouvement social pour le renouveau (MSR) qui a récemment demandé que la question soit débattue d’abord en interne avant toute décision, c’est au tour de la Solidarité congolaise pour la démocratie (Scode) de prendre position.

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Contrairement au Parti du peuple pour reconstruction et la démocratie (PPRD) ou à Tryphon Kin-Kiey Mulumba qui se sont déjà prononcés pour la révision constitutionnelle, Jean-Claude Muyambo Kyassa, leader de la Scode, prône l’alternance. Pour lui, il n’est pas question que Joseph Kabila se représente à la fin de son deuxième quinquennat. Et il l’a fait savoir, le 30 août, lors d’un grand meeting populaire à Lubumbashi, dans le sud du pays. Il explique sa position à Jeune Afrique.

Jeune Afrique : Pourquoi avez-vous décidé aujourd’hui de vous désolidariser de ceux qui, au sein de votre famille politique, soutiennent la révision constitutionnelle en RDC ?

Jean-Claude Muyambo : Pourquoi "aujourd’hui" ? Parce que c’est une question d’actualité en RDC. Pourquoi nous disons non à la révision constitutionnelle : nos militants ne comprennent pas les raisons pour lesquelles nous soutiendrons une nouvelle candidature de Joseph Kabila. D’autant qu’au départ, nous avons convenu de lui apporter notre soutien total pour les deux mandats tels que prévus dans la Constitution.

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Dans la charte que nous avons signée avant d’adhérer à l’Alliance pour la majorité présidentielle (AMP) en 2006, puis dans la Majorité présidentielle (MP) en 2011, il n’est stipulé nulle part que le président Joseph Kabila peut encore briguer un nouveau mandat en 2016. Les membres et les sympathisants de mon parti n’ont pas donc compris l’attitude du PPRD – parti du président Kabila – qui s’agite, en essayant de faire passer son projet de révision des dispositions constitutionnelles en vigueur. C’est niet !

Ne craignez-vous pas de vous retrouver isolé au sein de votre famille politique après cette prise de position ?

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Je ne pense pas. Au contraire, beaucoup de partis au sein de la majorité au pouvoir vont nous suivre. Ils attendent le moment opportun pour manifester également leur opposition à ce schéma de révision constitutionnelle.

Lesquels par exemple ?

Ce n’est pas encore le moment de donner les noms. Attendez et vous me donnerez raison.

Modifier la Constitution dans ces conditions risque de conduire la RDC dans le chaos.

Jean-Claude Muyambo, membre de la majorité au pouvoir en RDC.

Que répondez-vous à ceux qui vous soupçonnent de vouloir faire monter les enchères pour obtenir un poste ministériel lors de la prochaine formation du gouvernement attendue dans les prochains jours ?

(Rires). Si c’était cela mon ambition, je devrais plutôt me taire et négocier un poste. Mais, il est question de la survie de tout un peuple. Nous devons avoir le sens de la démocratie en RDC. Nous devons suivre l’exemple de certains pays africains – Sénégal, Zambie, Afrique du Sud… – qui ne s’opposent pas à l’alternance politique. Car modifier la Constitution dans ces conditions risque de conduire la RDC dans le chaos.

Mais si Joseph Kabila décide de se représenter, malgré tout, à la présidentielle de 2016. Quelle sera votre position ?

S’il se représente, Joseph Kabila n’aura pas notre soutien en 2016. C’est clair. La Scode a déjà tranché.

Et sI le président sortant ne se représente pas, avez-vous pensé à organiser des primaires au sein de la majorité pour choisir votre candidat idéal ?

C’est dommage que le bureau politique de la majorité présidentielle ne se penche pas sur la question. Au lieu de vouloir chercher à tout prix comment tricher avec son projet de modification de la Constitution, il devait se mettre à chercher une personnalité qui peut être notre candidat en 2016.

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Propos recueillis par Trésor Kibangula

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