Nigeria : Boko Haram s’empare d’une troisième ville dans le Nord

Boko Haram s’est emparé jeudi d’une troisième ville dans le nord-est du Nigeria et poursuit pillages et exécutions sommaires. Selon des analystes, le stratégie du groupe jihadiste est désormais de s’emparer de territoires entiers pour former un État islamique.

Capture d’écran d’une vidéo diffusée par Boko Haram le 13 juillet 2014. © AFP

Capture d’écran d’une vidéo diffusée par Boko Haram le 13 juillet 2014. © AFP

Publié le 22 août 2014 Lecture : 3 minutes.

Les insurgés islamistes de Boko Haram gagnent du terrain au Nigeria. Le groupe armé s’est emparé, jeudi 21 août, d’une nouvelle ville dans le nord-est du Nigeria, Buni Yadi.

D’après des habitants qui ont fui la ville ces derniers jours, les combats autour de Buni Yadi, située dans l’État de Yobe, se déroulaient depuis fin juillet. Les assaillants islamistes ont finalement pris le bâtiment de la municipalité sur lequel flotte maintenant leur drapeau.

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>> Lire Boko Haram : deux personnes exécutées à Buni Yadi pour avoir fumé

Le porte-parole du gouverneur de l’État de Yobe, l’un des trois États du nord-est du pays placés sous état d’urgence, a confirmé la chute de la ville. "Il n’y a pas de soldats à Buni Yadi et selon des habitants, les militants de Boko Haram vont et viennent à leur guise", a-t-il déclaré.

Des exécutions sommaires

"Beaucoup d’habitants ont fui de Buni Yadi vers la capitale de l’État, Damaturu", 60 kilomètres plus au nord. L’armée n’avait pas réagi officiellement à ces informations jeudi après-midi. Les rebelles avaient déjà attaqué plusieurs fois la ville cette année, massacrant une quarantaine d’élèves dans le dortoir d’un lycée en pleine nuit en février.

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En avril, l’enlèvement de plus de 200 lycéennes à Chibok (État de Borno, nord-est) a choqué le monde entier. Selon des habitants de Buni Yadi, les militants de Boko Haram ont installé des barrages routiers et perpétré des exécutions sommaires. Selon l’ONU, Boko Haram a pris ces dernières semaines le contrôle des villes de Damboa et de Gwoza, dans l’État voisin de Borno.

L’armée nigériane dit avoir repris Damboa mais l’information n’a pas été confirmée de source indépendante. Le porte-parole national de la police, Emmanuel Ojukwu, a indiqué qu’une école de police près de Gwoza a été attaquée jeudi par les insurgés, sans pouvoir préciser l’issue des combats ni donner de bilan. "Nous ne savons toujours pas s’ils ont pris le contrôle de l’école", a-t-il déclaré.

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Un changement de stratégie

Des analystes évoquent un changement de stratégie de Boko Haram : de la tactique de guérilla, avec des raids contre l’armée et les bâtiments publics, les insurgés cherchent désormais à s’emparer de territoires entiers pour établir un État islamique. "S’emparer de territoires et y rester est une évolution importante du modus operandi de Boko Haram", estime Ryan Cummings, chef analyste pour l’Afrique de la société de sécurité Red 24, basée en Afrique du Sud. Cette évolution est apparue de manière claire à partir d’avril, avec des combats dans plusieurs régions entre les insurgés et l’armée qui cherchait à reprendre les territoires perdus.

Des soldats se sont d’ailleurs mutinés cette semaine à Maiduguri, la capitale de l’État de Borno, exigeant d’être équipés de meilleurs armements pour reprendre la ville de Gwoza aux islamistes. Selon Ryan Cummings, les récentes offensives de Boko Haram montrent que le groupe "lentement mais sûrement, est en train de réussir son premier objectif, la création d’un califat régi par la charia (loi islamique) dans le nord-est du Nigeria".

Les États de Borno, Yobe et Adamawa sont placés sous état d’urgence depuis mai 2013 et il est difficile d’avoir des informations fiables sur le conflit, en raison de l’insécurité extrême et de la mauvaise qualité des communications. Peu de travailleurs humanitaires sont sur le terrain et l’armée donne peu d’informations. Selon Jacob Zenn, chercheur à la fondation américaine Jamestown, les insurgés ont systématiquement détruit les routes et les ponts dans le Nord-Est, "rendant difficile l’envoi de renforts militaires".

> > Voir aussi notre carte interactive : Boko Haram, 10 ans de terreur

(Avec AFP)

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