Frank Timis sur la sellette chez African Minerals

Rien ne va plus pour l’homme d’affaires australo-roumain Frank Timis. Son mandat de président d’African Minerals, l’un des trois groupes extractifs présents en Afrique dont il est le fondateur, est menacé à cause d’une étrange transaction.

Frank Timis est un homme d’affaires australo-roumain. © Kalpesh Lathigra

Frank Timis est un homme d’affaires australo-roumain. © Kalpesh Lathigra

ProfilAuteur_ChristopheLeBec

Publié le 20 août 2014 Lecture : 2 minutes.

Le conseil d’administration d’African Minerals s’est réuni mi-août 2014 en l’absence de Frank Timis pour étudier une étrange transaction qui le met en cause. African Minerals est l’un des trois groupes extractifs présents sur le continent dont Timis est le fondateur et principal actionnaire (avec African Petroleum et Pan African Minerals). Il mène notamment le projet d’extraction de fer de Tonkolili en Sierra-Leone, entré en exploitation en 2012.

Dans la prochaine édition (n° 2798) de Jeune Afrique : une enquête sur l’empire pétrolier et minier que Frank Timis s’est bâti en Afrique de l’Ouest.
À décourir en kiosques dès le 24 août.

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Versement suspect

Selon Roger Liddell, directeur non exécutif et membre indépendant du conseil d’administration qui était présent à cette réunion, Timis aurait autorisé un versement suspect d’African Minerals de 50 millions de dollars au profit de Global iron ore (GIO), une société chypriote, dont Timis détiendrait 25% des parts.

Ce versement serait une indemnité liée à la résiliation d’un contrat de logistique auprès de GIO, finalement attribué au groupe chinois Shandong iron & Steel, l’un de ses partenaires chinois sur le projet de Tonkolili.

Enquête interne

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L’opération fait l’objet d’une enquête interne. Selon le quotidien britannique The Times, le fondateur et directeur général de GIO n’est autre qu’Edern Dervan, un ancien des forces spéciales britanniques (SAS). Une personnalité controversée, condamnée pour possession illégale de matériel militaire au Royaume-Uni (des explosifs et des détonateurs notamment) découvert dans le cadre d’une affaire de blanchiment d’argent en 2008.

Parmi les autres actionnaires de GIO figureraient Dermot Coughlan, ancien directeur non exécutif d’African Minerals, qui avait démissionné en juillet dernier, ainsi que son fils Craig Coughlan.

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« Aucun bénéfice personnel »

Les représentants de Frank Timis contestent qu’il soit actionnaire de GIO et tout enrichissement personnel, , rapporte The Times. Selon Roger Liddell, d’African Minerals, rien ne prouve que le fondateur du groupe ait personnellement bénéficié de cette transaction surprenante.

Mais l’affaire met le groupe dans l’embarras : après cette révélation, les grands fonds américains d’investissements Franklin Templeton (auparavant actionnaire à 14% d’African Minerals) et BlackRock auraient, selon les analystes, réduit leurs participation chacun à moins de 5% aujourd’hui, entraînant une chute de 33% du cours en une semaine sur le marché alternatif londonien (AIM) où la société est cotée.

Une gouvernance plus orthodoxe

Le Conseil d’administration d’African Minerals souhaiterait que Frank Timis lâche à moyen terme les rennes du groupe au profit d’une gouvernance plus orthodoxe et transparente. Mais se séparer de Frank Timis, hâbleur charismatique et controversé, qui détient toujours 13% des parts, pourrait s’avérer difficile, en raison de ses connexions chinoises.

Selon The Times, Shandong iron and Steel, qui a voulu s’assurer la fidélité de Frank Timis, pourrait actionner une clause contractuelle inhabituelle lui permettant, en cas d’éviction du fondateur du groupe, de revendre à African Minerals ses 25% de parts dans le projet minier de fer de Tonkolili en Sierra Leone (détenu à 75% par African Minerals).

Une éventualité qui priverait African Minerals d’un partenaire commercial et logistique essentiel. La rentrée de septembre s’annonce compliquée pour le groupe minier et pour Frank Timis, qui va devoir s’expliquer avec les autres actionnaires.

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