Ebola : le spécialiste sierra-léonais des fièvres hémorragiques meurt du virus

Mardi, Sheik Umar Khan, médecin sierra-léonais chargé de lutter contre l’épidémie dans son pays, duquel il était le seul spécialiste en fièvres hémorragiques, est décédé du virus.

Sheik Umar Khan, spécialiste sierra-leonais d’Ebola, décédé le 29 juillet. © Reuters

Sheik Umar Khan, spécialiste sierra-leonais d’Ebola, décédé le 29 juillet. © Reuters

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Publié le 30 juillet 2014 Lecture : 2 minutes.

Sheik Umar Khan était le seul spécialiste en fièvres hémorragiques de Sierra Leone, que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a désigné, dimanche 27 juillet, comme épicentre de l’épidémie de virus Ebola. Le virologue de 39 ans a malheureusement lui aussi succombé à la maladie, mardi 29 juillet, alors qu’il avait été diagnostiqué quelques jours plus tôt et transféré dans un centre de soins géré par l’ONG Médecins sans frontières (MSF) dans le nord du pays.

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Ironie du sort, le médecin sierra-leonais, qualifié de "héros national" par le ministère de la Santé, est décédé le jour même où il devait recevoir la visite de son président, Ernest Bai Koroma, de passage dans le centre où il exerçait, à Kailahun, dans l’est de la Sierra Leone, raconte le quotidien britannique The Guardian.

Déjà 672 cas mortels

L’épidémie, qui endeuille l’Afrique de l’Ouest depuis le début de l’année, pourrait faire d’autres victimes dans les rangs des personnels de santé. Un médecin canadien, revenu samedi du Liberia, est en effet placé en quarantaine à son domicile de Vancouver. S’il ne présente aucun symptôme, il a toutefois côtoyé deux humanitaires américains, eux aussi en quarantaine au Liberia et dont l’un est, selon ses proches, "faible et vraiment malade".

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L’épidémie, qui s’est déclarée au début de l’année en Guinée, puis a gagné le Liberia et la Sierra Leone, totaliseraient 1 201 cas, dont 672 mortels, selon le dernier bilan de l’OMS le 23 juillet. Selon le Dr Jean-Claude Manuguerra, responsable de la cellule d’intervention biologique d’urgence de l’Institut Pasteur, le risque épidémique dans les pays développés est relativement faible. "Si un cas devait se développer en France, il serait immédiatement repéré. Ebola a besoin d’un système de santé mal organisé pour se développer", explique-t-il au Figaro.

Peur sur Lagos

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Le virus a également provoqué des perturbations dans le secteur aérien, la principale compagnie aérienne nigériane ayant suspendu tous les vols au départ et à destination de la Sierra Leone et du Liberia, à la suite du décès à Lagos, le 25 juillet, de Patrick Sawyer, consultant pour le ministère libérien des Finances. La mort de ce dernier, ayant voyagé par avion de Monrovia à Lagos via Lomé, a contribué à accentuer le climat d’inquiétude autour de l’épidémie, Lagos, un des centres névralgiques de la sous-région, comptant près de 21 millions d’habitants.

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La compagnie aérienne Asky (African Sky), basée à Lomé, au Togo, a également suspendu ses vols en Sierra Leone et au Liberia en raison de craintes concernant la propagation du virus. Les passagers au départ de Conakry, la capitale guinéenne, seront quant à eux soumis à un contrôle sanitaire. L’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) et l’OMS ont également annoncé, mardi 29 juillet, qu’elles allaient se réunir d’urgence, pour réfléchir à la façon de limiter la propagation.

>> Pour aller plus loin : l’interview de Christophe Batejat, responsable du pôle d’identification virale à l’Institut Pasteur.

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Par Mathieu OLIVIER

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