Tchad : une préfecture pour Baba Laadé, un cadeau empoisonné ?

L’ancien rebelle Abdelkader Baba Laadé, revenu à la légalité il y a plus d’un an, a été nommé préfet de la Grande Sido, région frontalière avec la Centrafrique où il opérait du temps de sa rébellion. Un défi contradictoire ?

L’ex-chef de guerre Baba Laddé. © DR

L’ex-chef de guerre Baba Laddé. © DR

Madjiasra Nako

Publié le 28 juillet 2014 Lecture : 1 minute.

C’est par un décret du chef de l’État tchadien, signé le 19 juillet, que le général Abdelkader Baba Laadé, président du Front populaire pour le redressement (FPR), a été nommé préfet du département de la Grande Sido, frontalière avec la République centrafricaine. Une nomination qui aurait pu cojnstituer une simple prime à la réédition si le lieu d’affectation du gendarme de 44 ans n’avait été, justement, une zone sensible, au contact avec le pays voisin en crise.

Depuis le début de sa rébellion en 1998, c’est dans une vaste région située entre le sud du Tchad et le nord de la RCA que Baba Laadé (roi de la forêt en peul) et ses hommes ont opéré, prêtant parfois main forte aux mouvements irrédentistes centrafricains, sans vraiment inquiéter N’Djamena. Il se posait aussi comme le protecteur des éleveurs nomades victimes de rackets dans une partie du territoire centrafricain qui échappe au contrôle de Bangui. 

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Médiateurs onusiens

Début septembre 2012, face à une opinion centrafricaine de plus en plus hostile et une offensive de l’armée tchadienne qui l’a relativement affaibli, il décide de "rallier sans condition" N’Djamena où il arrive accompagné de médiateurs onusiens. Après un passage comme chargé de mission au cabinet du Premier ministre, il est sans fonction depuis octobre 2013.

De l’avis de plusieurs observateurs, la nomination de l’ancien rebelle comme préfet de la Grande Sido, région qui accueille des milliers de musulmans centrafricains, est à double tranchant pour l’ancien rebelle. Certes, il pourra mettre à profit sa connaissance du terrain pour aider à la surveillance de la frontière, fermée depuis le mois de mai. Mais pourra-t-il ignorer longtemps les intérêts de ses partisans restés en territoire centrafricain, certains ayant rejoint la Séléka ? Sa situation serait "incompatible" avec sa fonction de préfet, disent ses rivaux politiques. Des critiques que Baba Laadé balaye d’un revers de main. "Je suis un soldat, à la disposition de mon pays. Je peux mettre à disposition mon expérience et ma connaissance du terrain", assure-t-il à Jeune Afrique.

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