Soudan du Sud : le chef d’état major limogé après les revers de l’armée face à la rébellion

Le général James Hoth Mai, chef d’état-major de l’armée sud-soudanaise, a été démis de ses fonctions mercredi par le président Salva Kiir. Aucune raison officielle n’a été donnée mais plusieurs sources expliquent cette sanction par les récents revers subis face à la rébellion de l’ancien vice-président Riek Machar.

L’ancien chef d’état-major de l’armée sud-soudanaise James Hoth Mai. © AFP

L’ancien chef d’état-major de l’armée sud-soudanaise James Hoth Mai. © AFP

Publié le 24 avril 2014 Lecture : 2 minutes.

Le président sud-soudanais Salva Kiir a démis mercredi le général James Hoth Mai de ses fonctions de chef d’état-major de l’armée sud-soudanaise, selon un décret lu mercredi 23 avril à la télévision nationale. Celui-ci paierait, selon certaines sources, les récentes déconvenues des forces sud-soudanaises dans le nord du pays face à la rébellion menée depuis mi-décembre 2013 par l’ancien vice-président, Riek Machar.

Le général Hoth Mai est issu de l’ethnie Nuer – dont vient également le chef de la rébellion, Riek Machar. Chef d’état-major de l’armée sud-soudanaise depuis 2009, il est remplacé à son poste par le général Paul Malong, qui commandait jusqu’ici les troupes gouvernementales dans l’État oriental du Jonglei, le plus vaste du pays. Le général Malong est, comme le président Kiir, un Dinka originaire de la région du Bahr el-Ghazal, dont il est également le gouverneur. Le président Salva Kiir a également limogé le chef des services nationaux de renseignements, le général Mach Paul, et l’a remplacé par le général Marial Nour Jok.

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Massacres ethniques à Bentiu

Ces décisions font notamment suite aux récents revers de l’armée du Soudan du Sud, qui a perdu, mi-avril, la localité de Bentiu, capitale de l’État pétrolifère d’Unité, région stratégique du Nord. Dans le cadre de cette offensive de la rébellion, visant à récupérer les principaux puits de pétrole du pays, de nombreuses exactions ont été commises, notamment sur des critères ethniques.

Des forces rebelles – essentiellement Nuer – qui venaient de s’emparer de la ville le 15 avril, ont ainsi séparé selon leur ethnie des civils et ont massacré des non-Nuer, dont plus de 200 dans une mosquée. La Mission de l’ONU au Soudan du Sud (Minuss) a également affirmé, lundi 21 avril, qu’aussi bien des Soudanais que des Sud-Soudanais ont été tués "dans des assassinats ciblés". Le Soudan a demandé, jeudi 24 avril, qu’une enquête soit menée sur l’"assassinat" de ses ressortissants.

La semaine "la plus sombre" de l’histoire du pays

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Les tueries de Bentiu semblent être l’un des plus amples massacres rapportés depuis le début du conflit, qui a déjà chassé plus d’un million de Sud-Soudanais de chez eux. Le responsable de l’action humanitaire de l’ONU dans le pays, Tony Lanzer, a ainsi décrit la semaine passée comme "la plus sombre" de l’histoire du pays tant les dirigeants semblent peiner de plus en plus à asseoir leur autorité sur les milices ethniques.

>> Lire aussi : "L’attaque d’une base de l’ONU au Soudan du Sud a fait au moins 58 morts"

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Les analystes estiment désormais que seule une action ferme de la communauté internationale et des sanctions ciblées contre les deux camps pourraient freiner le conflit. Des pourparlers doivent reprendre d’ici fin avril en Éthiopie, à Addis Abeba, mais selon les observateurs, la volonté des belligérants de négocier n’est que de pure façade. La rébellion de Riek Machar semble contrôler une vaste partie du centre et du nord du pays, sans paraître en mesure de s’emparer de Djouba, la capitale, comme il affirme vouloir le faire.

(Avec AFP)

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