Ecobank : les adjoints de Tanoh demandent son départ

Selon Reuters, Albert Essien, numéro deux d’Ecobank, a demandé dans un email co-signé par trois autres dirigeants du groupe bancaire le départ de Thierry Tanoh. Les directeurs exécutifs ne citent pas de griefs particuliers contre l’actuel directeur général mais s’inquiètent des conséquences de la crise que traverse l’institution.

Thierry Tanoh, à Paris. © Bruno Levy/JA

Thierry Tanoh, à Paris. © Bruno Levy/JA

Publié le 17 février 2014 Lecture : 3 minutes.

Quatre dirigeants d’Ecobank ont demandé à Thierry Tanoh de démissionner de son poste de directeur général d’Ecobank. Selon Reuters, qui a révélé l’information dimanche 16 février dans l’après-midi, Albert Essien et Evelyne Tall, tous deux directeurs généraux adjoints, ainsi que Patrick Akinwuntan et Eddy Ogbogu auraient demandé directement à Mr Tanoh d’envisager cette solution afin de résoudre la crise ouverte que traverse le groupe bancaire panafricain depuis juillet dernier. Selon Reuters, un email co-signé par les mêmes personnes, tous administrateurs exécutifs, a également été envoyé le 11 février par Albert Essien à André Siaka, qui préside par intérim le conseil d’administration d’Ecobank. Cet email reprend la même demande mais par écrit : « Nous avons contribué à la construction de la banque et souhaitons la voir réussir. Cela sera possible si la situation actuelle vient à son terme. Nous croyons que le directeur général du groupe doit maintenant démissionner pour l’intérêt de l’institution », ont déclaré les quatre adjoints de Thierry Tanoh.

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Longue crise

La crise ouverte à Ecobank a commencé en juillet dernier par la publication d’un article du Financial Times révélant la mise en cause du président du conseil d’administration de l’époque, Kolapo Lawson, par les autorités financières du Nigeria. Elle s’est ensuite poursuivie par l’ouverture d’une enquête de la Securities and Exchange Commission du Nigeria (SEC) sur des accusations (tentative de vente d’actifs à bas prix, manipulation des comptes, notamment) portées par Laurence do Rego, directrice exécutive en charge des Finances, contre Thierry Tanoh. Des accusations faites alors que Thierry Tanoh avait décidé de pousser vers la sortie Laurence do Rego, considérée comme trop proche de l’ancien directeur général Arnold Ekpe. Celle-ci a été suspendue de ses fonctions en août et a quitté le groupe début janvier.

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En début d’année, la SEC a publié une déclaration affirmant qu’Ecobank souffrait d’une « absence de vision claire » et d’une « stratégie pour diriger l’institution », ajoutant que la transparence dans les procédures de recrutement des membres du conseil d’administration et du personnel de direction était insuffisante, favorisant ainsi les conflits d’intérêts. Plusieurs rapports d’audit ont été réalisés à la demande d’Ecobank et de la SEC. Aucun n’a été rendu public à ce jour.

Bataille au sommet

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Le groupe bancaire a convoqué pour le 3 mars prochain une assemblée générale extraordinaire (AGE), dont le thème principal sera la gouvernance. Les actionnaires du groupe réunis à Lomé devront également approuver le remaniement du conseil d’administration. Trois administrateurs ont démissionné de leur poste depuis le début de l’année alors que le conseil est traversé par d’importantes divergences quant à la conduite à tenir face à la crise. Selon des révélations faites par Jeune Afrique dans son édition du 9 février 2014, les deux administrateurs sud-africains, Daniel Matjila (représentant de  PIC) et Sipho Mseleku, ont demandé ouvertement le 22 janvier le départ de Thierry Tanoh, ce que le conseil d’administration leur a refusé. Début février, ils ont provoqué la convocation de l’AGE, avec à la clé un remaniement du conseil.

La révélation de l’email envoyé par Albert Essien et Evelyne Tall, deux figures de premier plan du groupe, est un nouveau rebondissement dans cette affaire. Ces deux banquiers, qui étaient également candidats au poste de directeur général attribué à Thierry Tanoh fin 2011, avaient jusqu’à présent garder le silence sur la crise en cours. 

Plusieurs proches du dossier, dont Kolapo Lawson cité par Reuters, considérent que la bataille au sommet d’Ecobank est avant tout une bataille de pouvoir.

Malgré ces rebondissements, le groupe continue à afficher de solides résultats. Le bénéfice avant impôts pour les neuf premiers mois de 2013 a augmenté de 56% par rapport à l’année précédente.

Après avoir fortement augmenté depuis la prise de fonctions de Thierry Tanoh, le cours de bourse d’Ecobank, coté à Abidjan, Lagos et Accra, a perdu près de 20% à la bourse du Nigeria en un mois.

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