Nucléaire : révélations sur les retombées radioactives de la bombe A française en Afrique

Des documents récemment déclassifiés par le ministère français de la Défense apportent un éclairage nouveau sur l’étendue des retombées radioactives des essais nucléaires français des années 60 dans le Sahara. Selon une carte officielle, l’Afrique subsaharienne a elle aussi été touchée.

L’explosion d’une bombe nucléaire dans le désert du Sahara le 13 février 1960. © AFP

L’explosion d’une bombe nucléaire dans le désert du Sahara le 13 février 1960. © AFP

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Publié le 14 février 2014 Lecture : 2 minutes.

Le 13 février 1960, la première bombe A française explose dans le Sahara. Gerboise bleue, comme Paris l’a baptisée, est 6 fois plus puissante que celle larguée sur Hiroshima en 1945. Classée secret-défense par l’armée pendant des décennies, une carte vient d’être déclassifiée dans le cadre de l’enquête pénale déclenchée par des vétérans des campagnes d’essais nucléaires français. Révélée par le quotidien Le Parisien, elle permet de mesurer l’étendue des retombées radioactives.

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Selon les mesures de l’armée française, celles-ci ont recouvert toute l’Afrique du Nord et même une partie de l’Afrique subsaharienne. Seulement un jour après l’explosion, Ndjamena est touché alors que l’ensemble du Tchad, du Niger, et une partie du Nigeria, du Burkina Faso et de la Libye est recouvert en trois jours. Seulement un peu plus d’une semaine plus tard suivent la Côte d’Ivoire, le Sénégal, la Mauritanie, tandis que les retombées continuent de s’étendre au nord.

Carte déclassifiée révélée par le quotidien Le Parisien

Cancers et maladies cardio-vasculaires

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Officiellement, les taux de radioactivité enregistrés sont faibles et sans conséquences. "Cela a toujours été le système de défense de l’armée", explique Bruno Barillot, spécialiste des essais nucléaires, cité par Le Parisien. "Sauf que les normes de l’époque étaient beaucoup moins strictes que maintenant et que les progrès de la médecine ont démontré depuis que même de faibles doses peuvent déclencher, dix, vingt ou trente ans plus tard, de graves maladies", précise-t-il.

À certains endroits, les chiffres sont effrayants et l’eau aurait été fortement contaminée, comme à Arak, près de Tamanrasset, ou encore à N’Djaména. "La carte montre que certains radioéléments, tel l’iode 131 ou le césium 137, ont pu être inhalés par les populations malgré leur dilution dans l’atmosphère", explique encore Bruno Barillot dans Le Parisien. "Personne n’ignore aujourd’hui que ces éléments radioactifs sont à l’origine de cancers ou de maladies cardio-vasculaires", ajoute-t-il.

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Le ministère de la Défense français n’a pour le moment pas souhaité faire de commentaires.

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Par Mathieu OLIVIER

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