Égypte : les Frères musulmans appellent à la poursuite de la mobilisation

La confrérie islamiste a prévu de manifester, vendredi 16 août, au Caire, deux jours après la répression sanglante menée par la police et l’armée contre ses partisans.

Des soldats égyptiens, le 15 août 2013 au Caire. © AFP

Des soldats égyptiens, le 15 août 2013 au Caire. © AFP

Publié le 16 août 2013 Lecture : 3 minutes.

Malgré la sanglante répression dont ils ont été victimes mercredi, les Frères musulmans ont appelé leurs partisans à manifester, vendredi 16 août, au Caire.
"Les défilés contre le coup d’État demain (vendredi) partiront de toutes les mosquées du Caire et se dirigeront vers la place Ramses après la prière pour un ‘vendredi de la colère’", a précisé le porte-parole de la confrérie islamiste, Gehad El Haddad, sur son compte Twitter.

Un "vendredi de la colère" sous haute tension. Loin de chercher l’apaisement, le pouvoir égyptien mis en place par l’armée a annoncé avoir autorisé la police à tirer à balles réelles sur quiconque s’en prendrait à des bâtiments officiels ou aux forces de l’ordre, faisant craindre un nouveau bain de sang. Cette annonce du ministère de l’Intérieur a été faite après une attaque, jeudi, contre le siège de la province de Guizeh dans la banlieue du Caire et la mort de neuf policiers et militaires, attribuées à des "islamistes" notamment dans la péninsule instable du Sinaï.

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Le dernier bilan de la dispersion sanglante des rassemblements de partisans du président Mohamed Morsi communiqué par le ministère de la Santé fait état de 578 morts dont 535 civils. Le ministère a précisé que 228 personnes avaient péri sur la place Rabaa al-Adawiya, principal point de rassemblement occupé depuis plus d’un mois par des milliers de pro-Morsi. 90 autres ont péri dans la dispersion du second sit-in pro-Morsi au Caire. Selon les autorités, 43 policiers ont été tués.

Les Frères musulmans ont de leur côté évoqué 2 200 morts et plus de 10 000 blessés.

À la suite des violences, l’état d’urgence a été décrété pour un mois et un couvre-feu est imposé dans la moitié du pays de 19 heures (17 heures GMT) à 06 heures (4 heures GMT). La levée de l’état d’urgence avait été un des acquis de la révolte de 2011.

"Terrorisme"

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Accentuant les divisions, Tamarod, le principal mouvement à l’origine des manifestations monstres ayant conduit à la destitution de M. Morsi, a appelé les Égyptiens à former des "comités populaires" pour défendre le pays contre ce qu’il appelle le "terrorisme" des Frères musulmans.

Plusieurs figures égyptiennes se sont désolidarisées de l’intervention des forces de l’ordre, notamment le vice-président Mohamed el-Baradei, prix Nobel de la paix, qui a démissionné, et le grand imam d’al-Azhar, la plus haute autorité de l’islam sunnite.

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La communauté internationale, qui avait tenté une médiation pour éviter cette issue dramatique, a condamné les violences. Alors que de nombreux pays occidentaux ont condamné ce bain de sang, les 15 pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU ont appelé jeudi soir les différentes parties en Égypte à faire preuve d’un "maximum de retenue".

Navi Pillay, Haut-commissaire de l’ONU en charge des droits de l’Homme, a réclamé une enquête sur l’assaut des forces égyptiennes.

Condamnations

Les États-Unis ont de leur côté annulé des exercices militaires communs et incité leurs ressortissants à quitter l’Égypte, sans aller jusqu’à interrompre l’aide annuelle (1,5 milliard de dollars) versée en grande partie à la toute-puissante armée de leur allié historique au Moyen-Orient. Mais Washington se réserve la possibilité de prendre des "mesures supplémentaires", a averti le président Barack Obama.

Ce dernier a "condamné avec force les mesures prises par le gouvernement intérimaire égyptien", comme la réinstauration de l’état d’urgence. La présidence égyptienne a immédiatement réagi en dénonçant "des déclarations non fondées sur des faits" qui, selon elle, risquent "d’encourager les groupes armés violents".

Le président français François Hollande a appelé à tout mettre "en oeuvre pour éviter la guerre civile". Paris et Berlin ont convoqué les ambassadeurs égyptiens, tandis que le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a appelé le Conseil de sécurité à se réunir après ce "massacre". La Turquie a rappelé pour consultations son ambassadeur en Égypte.

Enfin, le pape François a appelé à prier "pour la réconciliation" dans le pays où plusieurs églises ont été attaquées mercredi.

(Avec AFP)

 

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