Égypte : le pays sous haute tension au lendemain des violences qui ont fait 525 morts

L’Égypte se préparait, jeudi 15 août, à une nouvelle journée sous haute tension au lendemain de la dispersion sanglante des manifestations pro-Morsi au Caire, qui a fait 525 morts selon un nouveau bilan officiel. Les Frères musulmans déplorent 2 200 victimes.

Des policiers place Rabaa al-Adawiya, le 14 août 2013. © AFP

Des policiers place Rabaa al-Adawiya, le 14 août 2013. © AFP

Publié le 15 août 2013 Lecture : 3 minutes.

(Mis à jour à 13h25)

Aucun incident majeur n’était à signaler ce jeudi 15 août, au matin. Le calme est revenu dans le pays en fin de soirée, hier, moins d’une heure après l’entrée en vigueur du couvre-feu décrété par les autorités.

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Ce calme pourrait toutefois n’être que temporaire. Les islamistes ont appelé à de nouvelles manifestations tandis que les forces de l’ordre prévenaient qu’elles n’accepteraient aucun nouveau sit-in, après avoir vidé les deux places du Caire où des pro-Morsi campaient depuis la chute de l’ancien président, le 3 juillet.

Les autorités égyptiennes ont indiqué jeudi matin qu’au moins 525 personnes, en grande majorité des civils, avaient péri le 14 août à travers le pays.

Le chef des services d’urgence, Khaled al-Khatib, a indiqué à l’AFP que plus de 480 civils avaient péri, tandis que le ministère de l’Intérieur a fait état de la mort de 43 policiers. Il s’agit de la journée la plus meurtrière depuis la révolte qui a renversé le président Hosni Moubarak en 2011.

Les Frères musulmans ont de leur côté annoncé que la fille de 17 ans d’un de leurs principaux dirigeants, Mohammed al-Beltagui, avait également été tuée par balle. Au total, les Frères, eux, avancent le chiffre de 2 200 morts et plus de 10 000 blessés.

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Condamnations (presque) unanimes

Alors que le prix Nobel de la paix Mohamed el-Baradei a démissionné de son poste de vice-président, refusant "d’assumer les conséquences de décisions avec lesquelles il n’était pas d’accord", le Premier ministre nommé par l’armée, Hazem Beblawi, a, lui, salué la police pour "sa très grande retenue". "Aucun État qui se respecte n’aurait toléré" ces sit-in qui duraient depuis un mois et demi, a-t-il déclaré à la télévision, s’engageant à poursuivre la mise en œuvre du processus qui doit conduire à des élections début 2014.

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Dans la matinée, une autre figure morale s’était désolidarisée de l’opération meurtrière des forces de l’ordre: l’imam d’Al-Azhar, plus haute autorité de l’islam sunnite, qui avait expliqué n’avoir pas eu connaissance des méthodes que les forces de l’ordre comptaient employer.

La communauté internationale, qui avait tenté une médiation pour éviter une issue dramatique au bras de fer entre pro-Morsi et nouveau pouvoir, a condamné l’usage de la violence.

Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a dénoncé jeudi un "très grave massacre" des forces de l’ordre égyptiennes, critiquant l’"hypocrisie" de la communauté internationale.

À Washington, le secrétaire d’État américain, John Kerry, a exhorté à organiser ces scrutins, condamnant un bain de sang "lamentable". La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton qui, la première, avait tenté une médiation au Caire, a réclamé la levée de l’état d’urgence "dès que possible".

Paris a appelé à "l’arrêt immédiat de la répression" et saisi l’ONU "pour qu’en urgence une position internationale soit prise en ce sens". Son secrétaire général Ban Ki-moon a, lui, "condamné dans les termes les plus fermes les violences".

Le Qatar, principal soutien des Frères musulmans, a dénoncé "la méthode utilisée contre des manifestants pacifiques".

Seules voies discordantes, les Émirats arabes unis et le royaume de Bahreïn ont approuvé les mesures prises pour déloger les partisans islamistes.

Dans un communiqué publié dans la nuit, le ministère des Affaires étrangères des Émirats arabes unis a dit "comprendre les mesures souveraines prises par le gouvernement égyptien après avoir observé un maximum de retenue ces derniers temps". Il a regretté "l’insistance des groupes politiques extrémistes à tenir un discours appelant à la violence (…) ce qui a conduit aux évènements déplorables" de mercredi.

De son côté, le royaume de Bahreïn a estimé que "les mesures prises en Egypte pour rétablir l’ordre répondent à une demande des citoyens que l’État a le devoir de protéger".

Ces deux pays du Golfe, avec l’Arabie saoudite et le Koweït, avaient bien accueilli la mise à l’écart début juillet par l’armée égyptienne de l’ancien président islamiste Mohamed Morsi.

L’Arabie saoudite, le Koweït et les Émirats ont apporté des aides respectives de cinq, quatre et trois milliards de dollars à l’Égypte après le renversement de M. Morsi.

(Avec AFP)

 

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