Répression sanglante en Égypte, le pays s’enfonce un peu plus dans le chaos
L’intervention des forces armées égyptiennes pour déloger les partisans de l’ancien président Mohamed Morsi ont fait des dizaines de morts et des centaines de blessés, le mercredi 14 août, au Caire et dans certaines villes d’Égypte. L’état d’urgence a été décrété et un couvre-feu mis en place. La crise est à nouveau ouverte alors que le vice-président par intérim, Mohamed el-Baradei, a annoncé sa démission.
Des centaines de partisans du président destitué Mohamed Morsi quittaient mercredi soir la place Rabaa al-Adawiya, dernier bastion des manifestants au Caire, sous la surveillance de policiers en armes. Quelques irréductibles demeuraient retranchés derrière les barricades et des affrontements avec les forces de l’ordre se poursuivaient à une autre entrée de la place Rabaa.
Intervenues au petit matin pour déloger les partisans pro-Morsi installés depuis le mois de juillet sur les places Rabaa al-Adawiya et Nahda, les forces de sécurité égyptiennes ont employé la manière forte. Des tirs d’arme automatique ont résonné et une pluie de grenades lacrymogènes s’est abattue sur le village de tentes, sur la première place.
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Après des heurts violents dans la matinée, des dizaines de morts et plusieurs centaines de blessés étaient à déplorer en fin de journée. Le ministère de la Santé annonçait un bilan de 149 personnes décédées et près de 900 blessés. Des chiffres sujets à caution et contestés par les protestataires qui déplorent des milliers de blessés.
Les sit-in s’étaient organisés depuis la chute de Mohamed Morsi, destitué et arrêté par l’armée le 3 juillet. De véritables camps avaient pris forme, des centaines de partisans des Frères musulmans étant arrivés depuis les différentes régions du pays pour occuper les rues de la capitale.
Après ce bain de sang, la présidence égyptienne a annoncé l’instauration de l’état d’urgence dans tout le pays pour une durée minimale d’un mois.
Démission d’el-Baradei et condamnations de la communauté internationale
Face à la violence déchaînée par l’armée égyptienne, le vice-président Mohamed El-Baradei a présenté sa démission. Il s’en est expliqué dans une lettre au président Adly Mansour : "Il m’est devenu difficile de continuer à assumer la responsabilité de décisions avec lesquelles je ne suis pas d’accord", écrit-il.
La communauté internationale a rapidement et unanimement condamné la violence employée par les forces de l’ordre égyptiennes.
La Turquie a été la première à dénoncer un "massacre" perpétré par l’armée égyptienne contre les partisans de Morsi. Le président turc Abdullah Gül a jugé "inacceptable" une "intervention armée contre des civils qui manifestent".
L’Iran a utilisé le terme de "massacre de la population" égyptienne, évoquant la "possibilité d’une guerre civile" dans le pays.
"Les États-Unis condamnent avec force l’usage de la violence contre les manifestants en Égypte", a ensuite déclaré le porte-parole adjoint de la Maison Blanche, Josh Earnest.
La France, elle, a mis "en garde contre un usage disproportionné de la force" et a appelé à "une logique d’apaisement".
(Avec AFP)
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