Mali : le MNLA accusé de faire « la chasse aux Noirs » à Kidal

Selon plusieurs habitants de Kidal, les Touaregs du MNLA ciblent la population noire de la ville et ont expulsé, dimanche 2 juin, plusieurs personnes vers Gao. De son côté, le MNLA a revendiqué l’arrestation de plusieurs personnes accusées d’être des espions à la solde de l’État malien. Il y aurait parmi eux plusieurs militaires ou agents de l’armée malienne.

Une rue de Kidal. © AFP

Une rue de Kidal. © AFP

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Publié le 3 juin 2013 Lecture : 2 minutes.

Plusieurs dizaines de personnes, parmi lesquelles plusieurs Noirs, ont été arrêtées dimanche à Kidal par les Touaregs du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Certaines ont été expulsées vers Gao, la plus grande ville du nord malien, située plus au sud, tandis que d’autres sont toujours retenues dans la gendarmerie de Kidal.

Le mouvement indépendantiste touareg suspecte certaines d’entre elles d’être des militaires ou des agents de renseignement de l’armée malienne. Selon un représentant du MNLA par RFI, « les militaires maliens et les personnes liées aux services de renseignements maliens seront considérés comme des prisonniers » et « les autres seront libérés ». Officiellement, le MNLA a démenti toute « chasse aux Noirs », assurant rechercher des éléments « infiltrés » envoyés par les autorités maliennes.

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« Une chasse à l’homme noir est engagée à Kidal depuis ce matin. Le MNLA s’attaque aux populations noires, y compris femmes et enfants. Ils disent qu’ils vont les renvoyer vers le Mali, c’est-à-dire à Gao avec une complicité flagrante des Français qui ne font rien », avait affirmé plus tôt dans la journée un habitant de Kidal, joint au téléphone depuis Bamako. « Des coups de feu sont entendus dans la ville de Kidal. Le MNLA prévoit d’embarquer les expulsés » noirs dans des camions vers Gao, a ajouté cet habitant, dénonçant « du racisme pur et simple ».

« Le MNLA exige des Noirs à Kidal de les appuyer dans les manifestations contre le Mali et de s’affirmer "azawadiens" ou de quitter Kidal de force. Il n’y pas de mort, pas de blessé connu », a indiqué la même source. D’après plusieurs témoignages, les Songhaïs et les Touaregs noirs se sentent menacés à Kidal.

Un "officier" arrêté

L’« Azawad » est le nom donné par les autonomistes touareg à l’immense région nord du Mali, considérée comme le berceau de cette communauté. Le MNLA refuse toujours la présence de l’armée et de l’administration maliennes à Kidal, compromettant pour l’heure la tenue du premier tour de la présidentielle prévu sur tout le territoire malien le 28 juillet. Des négociations sont en cours à Ouagadougou pour un accord sur le vote à Kidal.

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Le MNLA a déclaré que « plusieurs dizaines de personnes », dont un « officier » malien, ont été arrêtées dimanche par ses hommes à Kidal, mais a affirmé qu’il était « archifaux » de dire qu’il fait la « chasse aux Noirs ». « Nous ne faisons que rechercher des infiltrés dans notre zone », a expliqué le porte-parole du MNLA, Mossa Ag Attaher, présent à Ouagadougou pour des discussions entre les groupes touaregs et les autorités du Burkina Faso, pays médiateur dans la crise malienne.

Selon lui, parmi les personnes interpellées figure « un officier de l’armée », qui « a indiqué qu’il y a huit autres officiers maliens dans Kidal ». « Nous allons pousser les enquêtes, et ceux qui n’auront rien à voir avec des actes criminels » ou des « actes d’espionnage » seront « libérés », a assuré le porte-parole du MNLA.

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(Avec AFP)

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