RDC : recherché par la CPI, Bosco Ntaganda « s’est rendu à l’ambassade des États-Unis » à Kigali

Le général congolais Bosco Ntaganda, recherché par la Cour pénale internationale (CPI), « s’est rendu à l’ambassade des États-Unis » à Kigali lundi 18 mars, selon le gouvernement rwandais. Washington a confirmé l’information.

Bosco Ntaganda est l’ancien chef d’état-major de l’ex-rébellion du CNDP. © AFP

Bosco Ntaganda est l’ancien chef d’état-major de l’ex-rébellion du CNDP. © AFP

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Publié le 18 mars 2013 Lecture : 2 minutes.

Mis à jour à 18h44.

« Nous avons appris aujourd’hui que Bosco Ntaganda s’est présenté à l’ambassade des États-Unis [à Kigali] tôt ce matin », a affirmé Louise Mushikiwabo, la ministre rwandaise des Affaires étrangères dans un communiqué, lundi 18 mars.

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Le département d’État américain a confirmé en fin d’après-midi que Bosco Ntaganda s’était rendu à leur ambassade à Kigali. D’après sa porte-parole Victoria Nuland, Ntaganda a demandé à être transféré à la Cour pénale internationale (CPI). Washington serait en train d’examiner sa demande.

Sous le coup d’un mandat d’arrêt de la CPI depuis août 2006, ce chef rebelle congolais, surnommé « Terminator », était obsédé par le risque d’une arrestation. Ancien numéro deux de la rébellion majoritairement rwandophone du Congrès national de la défense du peuple (CNDP), Bosco Ntaganda avait succédé en janvier 2009 à Laurent Nkunda à la tête du mouvement, après l’arrestation de ce dernier par le Rwanda. Le gouvernement américain a confirmé que Ntaganda était à l’intérieur de l’ambassade américaine de Kigali et a même précisé que celui-ci avait demandé à être transféré à la CPI, aux Pays-Bas.

Influence

Réintégré dans les Forces armées de RDC (FARDC) à la faveur des accords du 23 mars 2009 avec Kinshasa et promu général dans la foulée, il a vécu trois ans durant à visage découvert, dans l’est du pays. Mais en mai 2012, craignant une arrestation, il avait pris le maquis dans le Nord-Kivu.

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D’autres officiers congolais, principalement rwandophones, avaient déserté quasi-simultanément pour former une nouvelle rébellion, le Mouvement du 23 mars (M23), réclamant la pleine application des accords de 2009. Dirigé militairement par Sultani Makenga, le M23 a toujours nié que Bosco Ntaganda en faisait partie. Mais celui-ci exerçait, au minimum, une influence au sein du mouvement par l’intermédiaire d’officiers qui lui étaient proches ainsi que du président du M23 lui-même, Jean Marie-Runiga.

En novembre 2012, la rébellion avait pris la ville de Goma, la capitale de la région du Nord-Kivu, pourtant défendue par la Mission des Nations-Unies en RDC (Monusco), avant de se retirer au bout de quelques semaines. Malgré ce succès, les tensions entre pro-Makenga et pro-Ntaganda au sein du M23 étaient devenues de plus en plus insoutenables ces dernières semaines, Bosco Ntaganda craignant notamment d’être arrêté par la faction de Makenga.

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Incertitudes

Le mouvement avait finalement éclaté le 28 février, avec la défection de Jean-Marie Runiga et des officiers proche de Bosco Ntaganda. Après deux semaines d’affrontements entre les deux factions du M23, le dernier carré de fidèles de Bosco Ntaganda avait été défait le 15 mars. Jean-Marie Runiga et quelque 600 soldats s’étaient réfugiés au Rwanda le lendemain. Les détails du chemin emprunté par Bosco Ntaganda pour arriver jusqu’à à l’ambassade des États-Unis à Kigali est pour l’instant inconnu. Tout comme son avenir proche.

Les États-Unis avaient récemment inclus Bosco Ntaganda dans leur programme « Rewards for justice », qui promet une récompense pour toute information permettant la capture de criminels de guerre en fuite. Le Rwanda, qui n’est pas signataire du Traité instituant la CPI, s’était toutefois engagé, dans l’Accord cadre sur les Grands Lacs signé à Addis-Abeba, le 24 février, à « ne pas héberger, ni fournir une protection de quelque nature que ce soit aux personnes accusées de crimes de guerre ».

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Par Pierre Boisselet

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