Mali : Markala accueille les premiers soldats de l’armée burkinabè

Depuis le début du conflit malien, la ville de Markala, située à 280 km au nord-est de Bamako, est devenue un véritable refuge pour les soldats. Après les contingents maliens et français, la ville a accueilli avec bienveillance les 160 premiers soldats burkinabè. Reportage.

Des soldats burkinabès à Markala, le 24 janvier. © AFP

Des soldats burkinabès à Markala, le 24 janvier. © AFP

Publié le 28 janvier 2013 Lecture : 3 minutes.

À Markala, ville située à 280 kilomètres au nord-est de Bamako, on a les yeux fixés sur Gao et l’avancée des troupes françaises. Le 26 janvier, elles ont pénétré dans la plus grande ville du Nord-Mali aux côtés de l’armée malienne. Et pour les Markalais, il n’y a pas de doute : c’est le début de la fin pour les jihadistes. « Ils vont tout tenter, mais ils seront mis hors d’état de nuire, s’exclame Nouhoum Kodio, commerçant à Markala. J’ai réussi à joindre des gens dans les campagnes qui m’ont dit que les jihadistes se cachent. En tous cas, ils ne pourront pas passer par ici ! »

Ville sous haute surveillance

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En effet, Markala a subi une semaine stressante après la reprise des affrontements entre armée malienne et jihadistes d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) et d’Ansar Eddine. Ici, on a craint qu’ils ne se soient infiltrés dans l’intention de prendre en douce la direction du sud.

Un numéro vert a été mis à la disposition des habitants et il leur a été instamment demandé de signaler les comportements suspects. Quelques personnes ont été arrêtées, puis conduites à la gendarmerie. Et depuis, la vie a repris son cours. Plus rien ne subsiste de la tension des derniers jours. « L’armée française est là, l’armée malienne est là, les militaires burkinabè sont là. On est la ville la mieux surveillée du Mali ! », s’exclame Mamadou Keita, guide touristique contraint au chômage depuis que les touristes se font rares.

Il faut dire que Markala fait partie des villes qui ont subi les contre-coups des affrontements aux premières heures du conflit malien. Plus de 3 000 militaires maliens, hagards et traumatisés ont été cantonnés dans cette ville. Ils revenaient de Gao, Kidal, Tombouctou et même d’Aguelhoc. Répartis entre les camps militaires, la base aérienne et la garde nationale, c’est au Markalais qu’est revenue la lourde charge de les rassurer et réconforter.

Arrivée des 160 premiers soldats burkinabè

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Depuis le 11 janvier, date de la première frappe aérienne française contre les jihadistes, drapeaux français et maliens flottent côte à côte ce gros village de 50 000 habitants. Et même si des étoffes vert et rouge ne sont pas visibles dans la ville, les Markalais sont tout aussi heureux de la présence de troupes burkinabè.

Le 24 janvier, les 160 premiers soldats burkinabè (sur 650 annoncés) de la Mission internationale de soutien au Mali (Misma) ont pris leur quartier à Markala. La plupart de ces éléments du Régiment de parachutistes commado (RPC), l’élite de l’armée du Faso, ont pour principale mission de garder les points stratégiques de cette ville-carrefour, dont le pont-barrage, qui donne accès aux routes conduisant aussi bien en Mauritanie, à Tombouctou qu’au Niger.

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« Pour nous, ce sont des enfants de la région » commente le maire de la ville, Demba Diallo, par ailleurs plus jeune maire du Mali (il a 29 ans). « L’accueil des populations a été très chaleureux », relate le lieutenant Souleymane, arme au poing et uniforme impeccable qui, avec ses frères d’armes, se relaient jour et nuit en contrebas du pont. « Les enfants nous acclament quand on passe, les femmes nous font la cuisine bien que nous leur ayons expliqué qu’elle devaient éviter de s’attrouper pour ne pas être prises au piège d’une attaque, mais rien n’y fait », conclut-il amusé.

Aujourd’hui, plus personne ne pense aux deux guerres qui ont opposé le Burkina Faso et le Mali, en 1974 et en 1985. « Ce sont des accidents de l’histoire, déclare Demba Diallo en haussant les épaules. Nous sommes liés aussi bien par la culture que par leurs peuples ».

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