Discours de Hollande : des Français enthousiastes, des Algériens plus mesurés

Dans le discours qu’il a prononcé, le 20 décembre, devant le Parlement algérien, François Hollande a reconnu les « souffrances » infligées au peuple algérien par la colonisation. Petite revue des réactions qu’ont suscité ces déclarations très attendues de part et d’autre de la Méditerrannée.

François Hollande (à g.) et Abdelaziz Bouteflika. © AFP

François Hollande (à g.) et Abdelaziz Bouteflika. © AFP

Publié le 21 décembre 2012 Lecture : 3 minutes.

Côté français, parmi la délégation qui accompagnait François Hollande

Benjamin Stora, historien

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« François Hollande est allé plus loin que ses prédécesseurs dans la reconnaissance du passé colonial de la France. Il a donné des dates, des lieux, des personnes. Il va aussi plus loin en promettant aux historiens de faire leur travail et en promettant d’ouvrir les archives. L’investigation sur les rapports entre Français et Algériens ne fait que commencer. »

Jean Pierre Chevènement, ancien ministre, président de l’association France-Algérie

« Tout peuple est responsable de ce qui a été fait. Les actes commis en Algérie sont le fait de gens qui pensaient exécuter des ordres. Cela ne veut pas dire que tous les Français sont coupables. L’examen de ce passé doit être un tremplin pour aller vers l’avenir. Contrairement à ses prédécesseurs, François Hollande ne tient pas de discours sur l’ "hystérisation" de l’islam. L’Algérie a aujourd’hui besoin de se diversifier et de se développer. Elle a beaucoup d’atouts. La France peut l’aider dans un partenariat d’égal à égal sur les questions économiques et culturelles. »

Jean Pierre Raffarin, ancien Premier ministre (UMP)

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« Toutes les ondes sont positives. L’expression "nouvel âge" (utilisé par François Hollande pour qualifier le renouveau des relations franco-algériennes, ndlr) n’est pas mal. »

Jean-Pierre Mignard, avocat, proche du président français

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« La coopération de la France et de l’Algérie est stratégique pour faire bouger la zone euro-méditerranéenne.  Elle peut aussi aider à régler le différent entre les Algériens et les Marocains et favoriser l’intégration de tous les pays du Maghreb. »

Côté français, à Paris

Marine Le Pen, Front national

« Le discours de François Hollande à Alger pose les bases d’un avenir extrêmement malsain entre la France et l’Algérie. Il condamne triplement notre pays, l’abaissant encore un peu plus sur la voie de la repentance d’abord, de l’immigration massive ensuite et des délocalisations enfin. Rien sur les aspects positifs de la colonisation, rien non plus sur les crimes algériens contre les harkis, mais une nouvelle dépréciation systématique de notre pays, de notre histoire et de notre peuple. »

Côté algérien

Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères

« Ce discours n’a occulté ni le passé ni l’avenir. Le président Hollande a mis au coeur de son intervention l’injustice du système colonial et la grande souffrance du peuple algérien durant la colonisation françaiseIl a aussi a mis en exergue le fait que toute coopération, pour qu’elle soit crédible, doit être équilibrée, et a mis en relief la culture de la paix et du respect de l’autre. Ce sont-là deux principes de base de notre pays et de sa diplomatie. Nous ne pouvons que nous reconnaître dans ces principes et les accompagner sur le terrain. »

Halet Rachid, député du Front des forces socialistes à Tizi-Ouzou

« C’est un discours qui donne des pistes et trace un chemin pour nos deux pays. On doit  aujourd’hui renouveler l’esprit et l’âme de la relation et laisser l’Histoire aux historiens. Sur le plan économique et commercial, on est favorable au développement de la coopération par la communauté de la langue, la proximité et la complémentarité de nos économies. Sur un plan de politique étrangère, le président est resté… diplomatique ! (Ndlr : n’a pas étalé les divergences entre les deux capitales, notamment sur la Syrie et le Sahel). »

Et Bouteflika, qu’en dit-il ?

Le président algérien Abdelaziz Bouteflika avait dit qu’il ne ferait pas de déclaration. Il a finalement prononcé quelques mots à l’issue du dîner offert par le wali de Tlemcen. Saluant les convives aux côtés de son invité, François Hollande, il s’est arrêté à la demande du président français qui voulait lui présenter des personnalités dont quelques journalistes. 

Échange :

Vous avez beaucoup discuté lors de ce dernier repas avec le président français ?
Bouteflika : on se parle beaucoup et on n’a pas fini de se parler.
Hollande : j’écoute le président Bouteflika avec beaucoup d’attention. Il a une grande expérience.

Vous ne parlez pas beaucoup aux journalistes…
Bouteflika : je ne parle pas beaucoup je prends des mesures.

Irez-vous en France en 2013 ?
Bouteflika: je l’espère.
Hollande : je l’invite en France pour qu’il vienne faire des déclarations.

Quel est votre bilan de cette visite ? 
Hollande : on a un pacte avec le président Bouteflika.

Lequel ?
Bouteflika : il fait des compliments sur moi et j’en fais sur lui (rires). Ce qui compte, c’est la réaction du peuple algérien.

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