Crise malienne : les islamistes d’Ansar Eddine rejettent « le terrorisme »

En négociation à Ouagadougou, le groupe islamiste Ansar Eddine a solennellement proclamé son rejet du « terrorisme » et appelé au dialogue. Au Mali, une intervention militaire africaine se prépare.

Blaise Compaoré (c) lors de sa rencontre avec le groupe Ansar Eddine à Ouagadougou. © AFP

Blaise Compaoré (c) lors de sa rencontre avec le groupe Ansar Eddine à Ouagadougou. © AFP

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Publié le 7 novembre 2012 Lecture : 3 minutes.

Ansar Eddine change de cap. Mardi 6 novembre, le groupe islamiste armé, en négociation à Ouagadougou, a solennellement proclamé son rejet du « terrorisme » et appelé au dialogue entre les différrentes parties de la crise malienne.

« Ansar Eddine rejette toute forme d’extrémisme et de terrorisme et s’engage à lutter contre la criminalité transfrontalière organisée », indique une déclaration lue par un membre de la délégation du groupe présente au Burkina depuis le 2 novembre, et reçue par le président Blaise Compaoré, médiateur pour l’Afrique de l’Ouest.

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Cette déclaration marque un tournant car elle affiche une prise de distance d’Ansar Eddine (Défenseurs de l’islam) avec ses alliés jihadistes d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), avec qui il contrôle le nord du Mali depuis sept mois.

Ces trois groupes y imposent la charia (loi islamique) de manière très rigoriste (lapidations de couples non mariés, amputations de présumés voleurs…) et y commettent de nombreuses exactions.

Tout en saluant les engagements pris par les islamistes d’Ansar Eddine, le chef de la diplomatie burkinabè, Djibrill Bassolé, a souhaité qu’ils aillent « au-delà de la déclaration d’intention ».

Il faut que les groupes armés du Nord-Mali « s’abstiennent d’actes et d’exactions qui prennent l’allure de provocations inutiles », a-t-il insisté, alors qu’Ansar Eddine n’a pas fait référence à la charia et a seulement évoqué le « respect des droits et des libertés fondamentales ».

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Touareg maliens

De son côté, un responsable de la rébellion touarègue du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), Ibrahim Ag Assaleh, a depuis Ouagadougou « félicité » Ansar Eddine pour s’être « démarqué du terrorisme », et a lui aussi réclamé le dialogue. Laïc et prônant l’autodétermination, le MNLA avait été évincé de la région par les islamistes. Il reste largement considéré comme un acteur d’une éventuelle solution négociée.

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Ansar Eddine, surtout composé de Touaregs maliens, comme son chef Iyad Ag Ghaly, a exhorté à ouvrir sans délai un « dialogue politique inclusif », à l’adresse des autorités maliennes de transition comme des autres groupes armés.

En vue d’un « accord global de paix », le mouvement islamiste a « recommandé » à M. Compaoré « la mise en place d’un cadre de dialogue » associant Bamako, les « mouvements armés maliens », l’Algérie et d’autres partenaires internationaux. Il s’est enfin engagé à « un arrêt total des hostilités » et a appelé « l’ensemble des mouvements armés » à l’imiter. Si le revirement d’Ansar Eddine se confirme, une intervention armée africaine dans le nord du Mali ne devrait viser que les organisations islamistes « terroristes ».

"Récupérer le Nord"

Des chefs d’état-major de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) étaient réunis mardi à Bamako pour étudier le plan d’opération de cette force armée qui a été élaboré par des experts internationaux.

Ce « concept d’opérations » devrait ensuite être approuvé par les dirigeants politiques régionaux, puis transmis avant le 26 novembre au Conseil de sécurité de l’ONU, qui a voté le 12 octobre une résolution donnant à la Cédéao 45 jours pour préciser ses plans.

L’enjeu est d’« aider rapidement le Mali à récupérer le nord », a déclaré le général Soumaïla Bakayoko, chef d’état-major de l’armée ivoirienne, dont le pays préside la Cedeao. Des troupes non-africaines pourraient également participer à l’opération si les chefs d’État africains donnent leur accord, avaient indiqué lundi des experts.

Jusqu’à présent, la France et les États-Unis ont toujours écarté l’idée d’envoyer des troupes, mais se sont déclarés prêts à fournir un appui logistique. Des responsables ouest-africains espèrent une intervention de leur aviation, qui pourrait s’avérer décisive pour chasser les groupes islamistes.

Selon un responsable africain, le nombre de militaires de la force de la Cedeao « pourrait atteindre les 4 000 au lieu des 3 000 initialement prévus » et ils seraient répartis « un peu partout » au Mali.

(Avec AFP)

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